OBÉSITÉ : En 30 années sa prévalence a doublé
Aux seuls États-Unis, 260 millions de personnes devraient être en surpoids ou obèses d'ici 2050, conclut cette large analyse américaine, la plus complète sur tous les groupes d'âge : avec une conclusion applicable à de nombreux pays riches : les taux, que ce soit chez les adultes ou les adolescents ont doublé en 30 ans. De nouvelles données, analysées à l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l’Université de Washington et publiées dans le Lancet, toujours plus alarmantes, car avec l’obésité viennent le diabète, la maladie cardiovasculaire dont l’hypertension, certains cancers et autres comorbidités chroniques.
Dans le même temps en effet, et toujours dans le Lancet, une autre analyse estime à 800 millions de personnes, la prévalence actuelle du diabète, de type 1 et 2. Cette nouvelle analyse met notamment en lumière la forte croissance des taux d'obésité chez les jeunes (âgés de 15 à 24 ans) : ainsi, dans certains états, plus de la moitié des adolescents de sexe masculin et près des deux tiers des adolescentes de sexe féminin vivent avec un surpoids ou une obésité, ce qui suggère des hausses de prévalence des comorbidités associées dans les années à venir.
La prévalence de l’obésité augmente plus rapidement que le surpoids
D’ici 2050, environ 1 enfant sur 5, 1 adolescent sur 3 et 2 adultes sur 3 pourraient être obèses. C’est un autre résultat frappant de cette nouvelle analyse qui a estimé la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants et les jeunes adolescents (âgés de 5 à 14 ans), les adolescents plus âgés (âgés de 15 à 24 ans) et les adultes (âgés de 25 ans et plus) de 1990 à 2021 avec des prévisions jusqu’en 2050 en utilisant 134 sources de données.
Le surpoids a été défini comme un IMC de 25 kg/m² à moins de 30 kg/m² et l'obésité a été définie comme un IMC de 30 kg/m² ou plus. Pour les personnes de moins de 18 ans, les définitions étaient basées sur les critères de l'International Obesity Task Force. Parmi les principales conclusions :
- la prévalence de l’obésité a au moins doublé en 30 ans ;
- elle dépasse depuis ces dernières années, 200 millions aux seuls US ;
- ainsi, en 2021, près des 3 quarts de la population adulte aux États-Unis étaient considérés en surpoids ou obèses ;
- la prévalence de l'obésité a augmenté particulièrement rapidement, doublant entre 1990 et 2021 tant chez les hommes adultes : de 18,6 % à 41,5 % ;
- que chez les femmes : de 22,8 % à 45,6 % ;
- ces tendances dévastatrices devraient se poursuivre, avec une hausse de la prévalence de 50 millions de personnes (toujours aux seuls US) d’ici 2050.
L’un des auteurs principaux, Emmanuela Gakidou de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l’Université de Washington relève que
« ces hausses sont des preuves de l’échec de plusieurs décennies de lutte contre le surpoids et l’obésité ».
La prévalence estimée du surpoids et de l'obésité chez les adultes était élevée dans tous les États en 2021. Chez les hommes, les niveaux allaient de 80,6 % dans le Dakota du Nord à 65,3 % à Washington DC ; tandis que chez les femmes, les niveaux allaient de 79,9 % au Mississippi à 63,7 % à Hawaï (voir les figures 1C et D dans le document).
Ce qui préoccupe particulièrement les experts, est que l’apparition de l’obésité devient de plus en plus précoce au fil des générations :
- ainsi 2 femmes sur 5 nées dans les années 1960 vivaient avec l’obésité à l’âge de 45 ans ;
- mais la même proportion est observée à l’âge de 30 ans pour les femmes nées dans les années 80 ;
- la même proportion est observée à l’âge de 20 ans pour les femmes nées en 2020.
Quels facteurs ? « Les mécanismes à l’origine de la prévalence croissante de l’obésité sont bien plus complexes qu’une simple question d’apport énergétique excessif et d’inactivité physique. Les interventions existantes qui se concentrent sur les changements de comportement basés sur le mode de vie ne produisent pas de réduction suffisante et durable du surpoids et de l’obésité, en particulier chez les enfants et les adolescents. S’attaquer aux facteurs structurels de l’obésité de la population et mettre l’accent sur la prévention doit être au cœur des stratégies futures ». En d’autres termes, tous les outils anti-obésité, et en particulier tous les leviers de la prévention doivent être mobilisés.
Et les médicaments anti-obésité comme les agonistes du GLP-1 ? « S’ils ont leur place dans la gestion de l’obésité, ils ne suffiront pas à eux seuls à résoudre « l’épidémie »».
« Étant donné la hausse prévue du surpoids et de l’obésité, la demande de médicaments anti-obésité va certainement augmenter, mais ce n’est pas une solution miracle. La prévention devra rester la principale stratégie ». Les experts soulignent l’importance majeure des interventions ciblant les femmes enceintes et les petits enfants, avec les bonnes pratiques d’alimentation précoces. Mais aussi des programmes communautaires qui soutiennent les niveaux d’activité physique et assurent la disponibilité d’aliments sains pour les enfants et les adolescents, la réglementation des industries alimentaires et la mise en place de systèmes alimentaires durables ».
Il reste essentiel également, de suivre avec beaucoup d’attention ces les tendances passées, qui pourraient être modifiées par de nouveaux outils, comme la récente augmentation de l'utilisation des agonistes du GLP-1. Car, même si leur impact a ses limites « il y a beaucoup d'espoir dans de nouvelles approches thérapeutiques, telles que les analogues du GLP-1, pour des traitements plus efficaces et mieux tolérés du surpoids et de l'obésité ».
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