OBÉSITÉ INFANTILE : Bientôt un médicament pour les enfants en surpoids ?
Cette nouvelle étude, menée à l’Université du Minnesota (Minneapolis) suggère, pour la première fois, que le médicament de perte de poids liraglutide est sûr et efficace chez les enfants âgés de moins de 12 ans. Ces données présentées lors de la réunion annuelle de l'Association européenne pour l'étude du diabète (EASD) et publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM) ouvrent une première option pharmacologique pour les enfants souffrant d’obésité.
« Jusqu’à présent, les enfants n’avaient pratiquement aucune option pour traiter leur obésité » explique l’auteur principal, le Dr Claudia Fox, professeur au Center for Pediatric Obesity Medicine de l’Université du Minnesota, qui ajoute : « l’obésité est la maladie chronique la plus courante de l’enfance. Si elle n’est pas traitée, l’obésité infantile persiste presque universellement à l’âge adulte et est associée à des problèmes de santé importants, notamment le diabète et les maladies cardiovasculaires, et dans certains cas au décès prématuré. Disposer d’une option pour une intervention précoce est donc essentiel ».
Les options de traitement efficaces à ce jour sont limitées pour les enfants. Le traitement de l’obésité repose sur des changements de mode de vie mais cette seule stratégie permet en général un effet modeste.
Le liraglutide est un agoniste du récepteur du glucagon-1 (GLP-1). Il imite l’action de l’hormone GLP-1 pour réduire l’appétit et la sensation de faim, ralentir la libération de nourriture de l’estomac et augmenter la sensation de satiété. Il est administré quotidiennement, sous forme d’injection.
A ce jour, aucun médicament n’est approuvé pour le traitement de l’obésité chez les enfants de moins de 12 ans.
Un médicament de perte de poids sûr et efficace chez les enfants âgés de 6 à 12 ans
L’étude ou essai SCALE Kids, la première à examiner la sécurité et l’efficacité du liraglutide en population pédiatrique, révèle en effet que : Précisément, cet essai de phase III, soutenu par Novo Nordisk, est mené auprès de 82 enfants (à 54 % des garçons), âgés de 6 à 12 ans et avec IMC moyen de 31 kg/m2. 55 % des enfants participants présentaient au moins 1 complication liée à l'obésité, comme une résistance à l'insuline ou une puberté précoce. 56 enfants ont reçu des injections quotidiennes de liraglutide (3 mg ou dose maximale tolérée) et 26 ont reçu des injections hebdomadaires de placebo pendant 56 semaines. Tous les participants ont reçu des conseils personnalisés à chaque consultation, les encourageant à suivre un régime alimentaire sain et à pratiquer une activité physique régulière. L’analyse révèle que :
- les enfants traités, âgés de 6 à 12 ans ont vu leur IMC diminuer de 7,4 % en un peu plus d'1 an - vs placebo ; ainsi, à la fin de la période de traitement, la variation moyenne de l'IMC était de −5,8 % pour le liraglutide et de +1,6 % pour le placebo, soit une différence de 7,4 % ;
- la variation moyenne du poids corporel s’est élevée à +1,6 % pour le liraglutide et de +10 % pour le placebo, soit une différence de 8,4 % ; en effet, les enfants de cet âge grandissent constamment et le poids corporel augmente naturellement au cours d’une année ;
- une réduction de l’IMC d’au moins 5 % est observée chez près de 50 % des enfants recevant du liraglutide vs 9 % avec le placebo ;
- les enfants traités, âgés de 6 à 12 ans ont connu également des améliorations de la tension artérielle et du contrôle de la glycémie ;
- à noter, les effets secondaires ont été fréquents dans les deux groupes (89,3 % des receveurs de liraglutide et 88,5 % des enfants témoins). Les effets secondaires gastro-intestinaux (par exemple, nausées, vomissements, diarrhée) ont été plus fréquents chez les enfants recevant du liraglutide (80 %) vs 54 % avec le placebo ;
- l'IMC et le poids corporel ont augmenté dans les 2 groupes après l'arrêt du traitement.
Bien qu’il n’y ait pas de consensus sur la définition d’une réduction cliniquement significative de l’IMC chez les enfants, il a déjà été démontré qu’une réduction de 5 % était associée à une amélioration des problèmes de santé liés à l’obésité.
En conclusion, le liraglutide 3,0 mg a permis une réduction plus importante de l'IMC que le placebo chez ces enfants âgés de 6 à moins de 12 ans souffrant d’obésité. Dans l’ensemble, il a été bien toléré et il n'y a pas eu de problèmes de sécurité.
D’autres essais seront nécessaires pour valider ces résultats, cependant c’est une première étape prometteuse vers la mise au point d’un médicament pour aider les enfants souffrant d’obésité à lutter contre la prise de poids.
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