OBÉSITÉ : La gourmandise se transmet aussi par les papilles !
Les papilles gustatives jouent un rôle épigénétique dans la « transmission » ou promotion de l'obésité chez la progéniture, conclut cette étude de l’Université Cornell, menée chez la souris et publiée dans les Scientific Reports. Cette équipe d’experts en nutrition et de l’obésité pédiatrique démontrent que le régime alimentaire riche en graisses de la mère, favorise un plus grand nombre de récepteurs du goût sucré et une plus grande attraction pour les aliments « malsains » chez sa progéniture. On l’aura deviné, la même progéniture adopte un mauvais comportement alimentaire et développe une obésité à l'âge adulte.
Cette étude soutient l’hypothèse que l’exposition maternelle à un régime riche en graisses pendant la période périnatale induit des changements physiques et détectables dans les papilles gustatives de la progéniture. L’auteur principal, Robin Dando, professeur agrégé de Sciences de l’alimentation au Collège d'agriculture et Sciences de la vie de Cornell confirme : « Nous observons des changements réels dans les papilles gustatives mêmes : la progéniture adulte de mères nourries avec un régime riche en graisses présente plus de récepteurs de goût sucré à l'intérieur de ses papilles que dans le groupe témoin, dont les mères ont suivi un régime alimentaire sain et régulier ».
La gourmandise se transmet par les mères souris à leurs enfants
5 semaines avant l'accouplement, les souris femelles ont été nourries avec un régime riche en calories et en graisses ; des souris ont également été nourries avec un régime riche en graisses de leur grossesse à la lactation. La progéniture, sevrée après la période de lactation, a reçu une alimentation saine et de qualité. Une fois adultes, ces souris ont reçu leur premier repas riche en graisses. Alors que jusque-là les animaux ne montraient aucune différence d’alimentation ou préférence, dès que la progéniture de mères ayant consommé le régime alimentaire riche, y a eu accès,
« elle l'a adoré et l’a surconsommé ».
« Si une mère suit un régime alimentaire malsain comportant beaucoup de calories par le biais de produits riches en graisses et sucrés, sa progéniture héritera d’une prédisposition à aimer ce même régime alimentaire malsain. L'origine de cette propension n'est pas seulement un changement dans le cerveau mais des changements dans les papilles gustatives ».
Les papilles gustatives transmettrices de gourmandise ? Si ces résultats ont été obtenus chez la souris, si l'obésité chez l'Homme est associée aussi à une forte composante environnementale, -l'héritabilité se situe entre 40% et 70%-, ce mécanisme spécifique s’il était confirmé chez l’Homme, pourraient avoir des implications dans la lutte contre l’obésité : le concept de «goût» devrait rejoindre la liste des altérations métaboliques résultant de la programmation fœtale et le ciblage de ce récepteur sucré pourrait aussi constituer une piste thérapeutique. Du point de vue de la santé publique, l'amélioration de nos connaissances sur les facteurs prénatals et postnatals précoces qui programment l'obésité chez la descendance apporte généralement de nouvelles cibles thérapeutiques pour lutter contre l'épidémie d'obésité. Enfin, ces résultats soutiennent l’importance d’un régime alimentaire équilibré chez la mère durant -a minima- toute la période de conception, la grossesse et plus largement la période périnatale.
La grande nouveauté de cette étude est ce rôle des papilles gustatives dans l'étiologie de l'obésité.
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