OBÉSITÉ: Peut-on concilier surpoids et bonne santé ?
Le concept d’« obésité saine » a gagné du terrain ces 15 dernières années, et nombreux sont ses "paradoxes" documentés, où l’obésité n’apparaît pas comme un facteur majeur de développement ou d’aggravation de certaines pathologies. Ces scientifiques du Karolinska Institutet apportent ici, dans les Cell Reports, une preuve supplémentaire à l'encontre du concept d'état obèse et sain à la fois, montrant une expression génique des tissus adipeux similaire chez les personnes obèses, qu’elles soient sensibles ou résistantes à l’insuline, c'est-à-dire en bonne santé métabolique.
L'obésité affecta aujourd'hui 600 millions de personnes dans le monde et entraîne de manière significative une augmentation du risque de maladie cardiaque, d'accident vasculaire cérébral, de cancer et de diabète de type 2. Depuis les années 70 et 80, les experts ont commencé à remettre partiellement en question la responsabilité de l'obésité dans le risque de certains de ces troubles.
Ainsi, plusieurs « paradoxes » de l'obésité ont été documentés, celui d'un risque moindre de cancer colorectal chez des patients obèses vs très minces, ou encore la longévité plus élevée des personnes atteintes de diabète de type 2 en surpoids par rapport aux les « diabétiques minces » ou enfin les limites des effets néfastes de l'obésité sur le risque cardiovasculaire. Au-delà, des estimations récentes suggèrent que jusqu'à 30% des personnes obèses ont un métabolisme sain et n'auraient donc pas besoin d'interventions pour prévenir les complications liées à l'obésité. Parmi les caractéristiques de cette obésité en bonne santé, cette sensibilité élevée à l'insuline, l'hormone qui permet une bonne absorption du glucose sanguin dans les cellules, pouvant alors être utilisé pour fournir de l'énergie.
L'obésité en bonne santé reste tout de même à définir, sur le plan clinique : il n'existe pas en effet de critères reconnus pour identifier l'obésité « métaboliquement saine ». Les chercheurs du Karolinska Institutet ont donc évalué les réponses à l'insuline de 15 participants sains non obèses et de 50 patients obèses inscrits dans une étude clinique portant sur la chirurgie de pontage gastrique. Les chercheurs ont prélevé des biopsies de tissu adipeux blanc abdominal avant et après perfusion intraveineuse d'insuline et de glucose de 2 heures.
· Sur la base du taux d'absorption du glucose, les chercheurs classent 21 participants comme obèses sensibles à l'insuline et 29 comme résistants à l'insuline ;
· le séquençage de l'ARNm d'échantillons de tissu adipeux blanc révèle une nette distinction entre les participants non obèses et les 2 groupes de participants obèses ;
· le tissu adipeux blanc de personnes obèses insulino-sensibles et résistantes à l'insuline présente des motifs d'expression génique presque identiques en réponse à la stimulation par l'insuline ;
· ces profils ne semblent pas influencés par les facteurs de risque cardio-vasculaires ou métaboliques bien connus (rapport taille-hanches, rythme cardiaque ou pression artérielle) ;
Ø Les résultats suggèrent que l'obésité plutôt que tout autre facteur de risque est probablement le principal facteur déterminant de la santé métabolique.
La notion d'obésité en bonne santé peut être plus compliquée qu'on ne le pensait. Il n'existe pas de signature claire qui différencie les sujets obèses ayant une sensibilité élevée ou faible à l'insuline, ce qui suggère que l'obésité en soi est bien le principal facteur qui vient expliquer les changements néfastes d'expression des gènes. Le message est donc bien là : « les personnes obèses sensibles à l'insuline peuvent ne pas être aussi métaboliquement saines qu'on ne le croyait et des interventions plus vigoureuses peuvent être nécessaires chez ces patients pour prévenir les complications cardiovasculaires et métaboliques".
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