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PALUDISME : Pourquoi le vaccin est moins efficace chez le nourrisson

Actualité publiée il y a 1 jour 14 heures 55 min
The Lancet Infectious Diseases
Mais pourquoi la réponse au vaccin contre le paludisme est moins forte, chez les nourrissons âgés de moins de 5 mois ? (Adobe Stock 335713151)

Cette étude, la première à examiner l'effet combiné de l'âge, de l'exposition individuelle passée et des niveaux initiaux d'anticorps spécifiques au vaccin, qu'ils soient transférés passivement de la mère à l'enfant ou acquis activement, contribue à expliquer pourquoi la réponse au vaccin contre le paludisme est moins forte, chez les nourrissons âgés de moins de 5 mois. L’équipe d’immunologues de l’Institut de Barcelone pour la santé mondiale (ISGlobal) décrypte ainsi, dans le Lancet Infectious Diseases comment les anticorps maternels peuvent interférer avec les réponses au vaccin.

 

Le déploiement des vaccins antipaludiques -RTS,S/AS01E et R21/Matrix-M- pour protéger les enfants africains contre le paludisme causé par Plasmodium falciparum -qui ciblent une partie de la protéine parasitaire appelée circumsporozoïte (CSP), auprès des enfants âgés de 5 mois ou plus au moment de la première dose, constitue une étape essentielle dans la lutte contre la maladie. Cependant, comme le relève l’un des auteurs principaux, le Dr Carlota Dobaño, immunologue spécialisé dans le paludisme à l’ISGlobal : « le vaccin antipaludique RTS,S/AS01E est moins efficace chez les nourrissons de moins de 5 mois, mais cette moindre efficacité chez le nourrisson reste encore sujet à débats ».

 

Pour répondre à cette question, l’équipe de l'ISGlobal a collaboré avec 7 centres africains (CISM-Mozambique, IHI-Tanzanie, CRUN-Burkina Faso, KHRC-Ghana, NNIMR-Ghana, CERMEL-Gabon, KEMRI-Kenya). Cette recherche, la première du genre aboutit à une conclusion importante dans la lutte contre le paludisme : les enfants plus jeunes que ceux actuellement recommandés par l’OMS pourraient bénéficier des vaccins antipaludiques RTS,S et R21 lorsqu’ils vivent dans des zones à faible transmission du paludisme, où les mères ont moins d’anticorps contre le parasite.

L’étude analyse des échantillons de sang de plus de 600 enfants (âgés de 5 à 17 mois) et nourrissons (âgés de 6 à 12 semaines) dans le cadre d’un essai clinique de phase III portant sur le vaccin RTS,S/AS01E. L’analyse a mesuré chez ces enfants les niveaux d’anticorps contre 1.000 antigènes de P. falciparum avant la vaccination pour déterminer si et comment l’exposition au paludisme et l’âge affectaient les réponses des anticorps IgG au vaccin contre le paludisme.

L’analyse des anticorps anti-P. falciparum révèle :

 

  • chez les enfants ayant reçu un vaccin témoin au lieu du RTS,S/AS01E : une signature « d’exposition » typique, avec des niveaux élevés au cours des 3 premiers mois de vie en raison du transfert passif des anticorps maternels à travers le placenta, une baisse au cours de la première année de vie, puis une augmentation progressive en raison d’infections naturellement acquises.
  • Chez les enfants vaccinés avec le RTS,S/AS01E; les anticorps induits par des infections naturelles n’affectent pas la réponse vaccinale ;
  • chez les nourrissons, des niveaux élevés d’anticorps anti-P. falciparum, vraisemblablement transmis par leur mère pendant la grossesse, apparaissent corrélés à des réponses vaccinales réduites ;
  • cet effet était particulièrement fort pour les anticorps anti-CSP maternels ciblant la région centrale de la protéine ;
  • à l’inverse, les nourrissons ayant des IgG anti-CSP maternelles très faibles ou indétectables présentent des réponses vaccinales plus élevées.

 

En d’autres termes,

Plus les niveaux d’anticorps transmis par la mère sont élevés et moins la réponse vaccinale est marquée.

Quels mécanismes moléculaires ?  Si les mécanismes sous-jacents ne sont pas élucidés, les scientifiques notent que le même phénomène a été observé avec d’autres vaccins comme celui contre la rougeole.

 

Finalement, on retiendra qu’en dépit de leur fonction protectrice, les anticorps maternels, qui diminuent au cours des 3 à 6 premiers mois de vie, peuvent interférer avec l’efficacité du vaccin.

 

Des données qui soulignent la nécessité de tenir compte des niveaux d’anticorps anti-paludisme maternels pour optimiser l’efficacité de la vaccination chez les nourrissons.


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