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PALUDISME : Un anticorps monoclonal pour le prévenir ?

Actualité publiée il y a 3 années 4 mois 2 semaines
NEJM
Le moustique injecte les parasites sous forme de sporozoïtes dans la peau et la circulation sanguine (Visuel montrant un parasite du paludisme se fixant à un globule rouge humain) (Visuel NIAID)

C’est un immense espoir contre le paludisme, une maladie qui, avec près de 230 millions de cas chaque année, entraîne environ 410.000 décès, en majorité chez les nourrissons et les jeunes enfants (Source OMS). Il s’agit d’un anticorps monoclonal qui démontre sa capacité à prévenir le paludisme ici dans un petit essai mené par des chercheurs du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID/NIH). Ces données, publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM) laissent espérer une protection pendant au moins 9 mois après une seule perfusion de l’anticorps monoclonal.

 

Le paludisme reste l’une des causes majeures de maladie et de décès dans de nombreuses régions du monde, en particulier chez les nourrissons et les jeunes enfants avec un besoin considérable de nouveaux outils, vaccins ou traitements, rappelle le directeur du NIAID, le Dr Anthony S. Fauci. Jusqu'à présent, aucun vaccin antipaludique homologué ou expérimental n'offre une protection supérieure à 50 % contre la maladie sur une période d'un an ou plus. Des vaccins antipaludiques sont néanmoins en cours de tests, comme le candidat développé par des chercheurs de l'Université d'Oxford, avec des résultats prometteurs d’essai de phase IIb.

 

Les chercheurs rappellent que le paludisme est causé par des parasites Plasmodium, qui sont transmis à l'homme par la piqûre d'un moustique infecté. Le moustique injecte les parasites sous une forme appelée sporozoïtes dans la peau et la circulation sanguine (Visuel montrant un parasite du paludisme se fixant à un globule rouge humain). Les sporozoïtes voyagent vers le foie, où ils mûrissent et se multiplient. Ensuite, le parasite mature se propage dans tout le corps via la circulation sanguine pour provoquer la maladie.

 

P. falciparum est l'espèce de Plasmodium la plus susceptible d'entraîner des infections palustres graves qui, si elles ne sont pas traitées rapidement, peuvent entraîner la mort.

Une seule dose de l’anticorps monoclonal suffit

Découvert et développé au Vaccine Research Center (VRC) du NIAID, le nouvel anticorps monoclonal suffit à prévenir en toute sécurité le paludisme jusqu'à 9 mois chez des personnes exposées au parasite, montre ce petit essai clinique : l’anticorps neutralise les sporozoïtes de P. falciparum dans la peau et le sang avant qu'ils ne puissent infecter les cellules hépatiques.

 

Cet anticorps monoclonal  "CIS43LS" offre ainsi, en toute sécurité, un niveau élevé de protection contre le paludisme chez des participants exposés « prudemment » en laboratoire à des moustiques infectés. CIS43LS est dérivé d'un anticorps neutralisant naturel appelé CIS43 qui se lie à un site de liaison unique sur une protéine de surface du parasite, et présent sur toutes les variantes des sporozoïtes de P. falciparum dans le monde. Les chercheurs ont modifié CIS43 pour prolonger sa présence dans le sang, créant ainsi le CIS43LS.

 

CIS43LS a d’abord fait ses preuves chez l’animal, puis lors de cet essai clinique de phase 1 mené auprès de 40 adultes en bonne santé, âgés de 18 à 50 ans, qui n'avaient jamais eu le paludisme ou n'avaient jamais été vaccinés contre la maladie. Certains de ces participants ont été exposés à P. falciparum par des piqûres de moustiques infectés dans un cadre soigneusement contrôlé, puis ont été étroitement surveillés par le personnel médical pendant plusieurs semaines et traités rapidement en cas de paludisme.

  • Alors qu’aucun des 9 participants ayant reçu le CIS43LS n'a développé le paludisme, 5 des 6 témoins ont développé la maladie.

 

Un essai clinique de phase II  à plus grande échelle est en cours au Mali pour évaluer l'innocuité et l'efficacité de CIS43LS pour la prévention de l'infection palustre chez les adultes pendant une saison de paludisme de six mois.

 

« Les anticorps monoclonaux apparaissent comme une nouvelle approche prometteuse pour prévenir le paludisme chez les voyageurs, le personnel militaire et les professionnels de santé se rendant dans des régions endémiques », écrivent les auteurs, qui espèrent que le médicament pourra également contribuer « au contrôle saisonnier du paludisme en Afrique et, finalement, aux campagnes d'élimination du paludisme ».