PARADOXE de PARKINSON : Plus de dopamine, plus de tremblements ?
Cette équipe neurologues et neuroscientifiques du Champalimaud Centre for the Unknown (Lisbonne) jette un tout nouvel éclairage sur la Maladie de Parkinson, et son traitement : en révélant une relation « déroutante » entre les niveaux de dopamine dans certaines régions du cerveau, et le symptôme des tremblements de repos dans la maladie de Parkinson, en découvrant que la dopamine préservée dans certaines régions du cerveau contribue en fait à ces symptômes ces travaux, publiés dans la revue npj Parkinson’s Disease remettent en question les croyances thérapeutiques courantes et pourraient inciter à des approches plus nuancées et mieux personnalisées, éclairées par la biologie sous-jacente de la maladie.
La maladie de Parkinson qui touche aujourd’hui plus de 10 millions de personnes dans le monde, est un trouble neurologique progressif connu pour ses symptômes moteurs caractéristiques : tremblements, rigidité et lenteur des mouvements. Parmi les symptômes courants, les tremblements au repos, qui se produisent donc lorsque les muscles sont détendus. Cependant, les mécanismes sous-jacents à ce symptôme très handicapant restent mal compris.
L’un des auteurs principaux, le Dr Marcelo Mendonça, note ainsi que « le tremblement est un symptôme courant et souvent invalidant pour les patients atteints de la maladie de Parkinson, mais il reste une énigme pour les neuroscientifiques. Nous savons que la dopamine est impliquée, mais la façon dont elle affecte le tremblement n’est pas aussi directe que pour d’autres symptômes moteurs ».
Le paradoxe de la dopamine
L’étude contribue à éclairer la relation complexe entre le tremblement au repos et la dopamine, un messager chimique clé dans la coordination des mouvements.
La perte de dopamine dans des régions du cerveau comme le putamen, associée à la régulation des mouvements, est une caractéristique bien établie de la maladie de Parkinson. Cependant, alors que certains patients ressentent un soulagement significatif des tremblements grâce à des thérapies de substitution de la dopamine (L-DOPA), d’autres ne répondent pas au traitement, voire connaissent une aggravation des symptômes.
Les cliniciens pensent généralement que moins de dopamine signifie des symptômes plus graves. Cependant, l’étude, qui analyse les données de plus de 500 patients parkinsoniens dont des données de mobilité et de tremblements recueillies par des capteurs de mouvement portables, démontre « le contraire », du moins en ce qui concerne les tremblements au repos :
- les patients qui présentent des tremblements ont plus de dopamine préservée dans le noyau caudé, une partie du cerveau importante pour la planification des mouvements et la cognition.
- il existe des différences subtiles dans les oscillations du tremblement que les échelles d'évaluation clinique traditionnelles peuvent manquer et ces oscillations permettent de corréler de manière fiable les symptômes à ce qui se passe dans le cerveau ;
- il existe ainsi un lien clair entre la fonction de la dopamine dans le noyau caudé et la gravité globale du tremblement de repos :
- plus l'activité de la dopamine est préservée dans le noyau caudé, plus le tremblement est marqué. Les patients souffrant de tremblements ont des terminaisons nerveuses qui libèrent de la dopamine dans le noyau caudé qui est davantage préservée que chez les patients exempts de tremblements.
C’est la toute première étude à montrer clairement un lien entre des niveaux de dopamine mieux préservés dans le noyau caudé et la présence de tremblements de repos.
Vers de nouveaux protocoles de prise en charge de la maladie de Parkinson ?
- Ces données confirment l’intérêt de traiter le tremblement au repos séparément des autres symptômes moteurs, alors que les approches traditionnelles regroupent ces symptômes ;
- D’autant que l’intensité des tremblements au repos varient en fonction du type de progression de la maladie : les tremblements, lorsqu'ils résistent au traitement, sont plus fréquents chez les patients présentant une maladie principalement « cérébrale » que chez les patients présentant une maladie plus « intestinale », c’est-à-dire dont le développement commence dans l’intestin et se propage au cerveau.
- la gravité du tremblement de repos peut être également liée à des circuits cérébraux spécifiques. La perte de dopamine dans la maladie de Parkinson n’est pas uniforme : différents patients peuvent perdre de la dopamine dans des circuits distincts.
De nouvelles spécificités, à prendre en compte pour chaque patient, ces corrélats biologiques ouvrant la voie à des thérapies mieux personnalisées.
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