PHARMACO DURABLE : L’espoir des « molécules miroirs » pour de nouveaux médicaments
Les chimistes, biochimistes et pharmacologues travaillent ensemble à des versions plus durables de molécules thérapeutiques issues de la nature : ces scientifiques parviennent aujourd’hui à synthétiser de manière sélective les versions gauches ou droites des « molécules miroirs » trouvées dans la nature et de les évaluer voire les optimiser pour une utilisation thérapeutique contre le cancer, l'infection, la dépression, l'inflammation et toute une série d'autres maladies. Une récente recherche, publiée dans la revue Science, a notamment fait le point sur ces avancées de la « chimie médicinale » qui contribuent au développement et à la production, plus durable, voire inépuisable, de nouveaux médicaments.
« La nature est la meilleure chimiste de synthèse de toutes ; elle a une longueur d’avance sur nous, scientifiques. Ces recherches représentent un changement de paradigme dans la façon dont nous pouvons désormais synthétiser de grandes quantités de molécules biologiquement actives et les tester pour leur activité thérapeutique ».
Synthétiser en grande quantité la version ayant l'effet biologique souhaité
Version gauche, version droite, l’effet biologique diffère : ces travaux sont importants car, bien que les versions gauches et droites, ou énantiomères, des composés chimiques aient des propriétés chimiques identiques, elles diffèrent dans la façon dont elles réagissent dans le corps humain. Développer des moyens rentables pour synthétiser uniquement la version ayant l'effet biologique souhaité est essentiel à la chimie médicinale.
Ces nouveaux process de synthèse chimique permettent en effet de produire plus rapidement et en plus grande quantité des molécules thérapeutiques issues de composés naturels. Car, si ces composés sont une source importante de nouveaux médicaments, ils ne sont souvent présents qu’en quantités infimes. Il faut donc pouvoir les synthétiser en plus grandes quantités afin de les tester en laboratoire puis de les transformer en médicaments. L’intégration de nouvelles réactions chimiques permet aujourd’hui d’obtenir
- un processus de synthèse qui ne dure qu’environ 15 minutes, à température ambiante,
-
donc plus économe en énergie,
- que de devoir chauffer ou refroidir considérablement les substances pour obtenir une réaction.
La preuve de concept est apportée sur des composés spécifiques, les acylphloroglucinols polycycliques polyprénylés (PPAPs), une classe de plus de 400 produits naturels présentant un large spectre de bioactivité, notamment dans la lutte contre le cancer, le VIH, la maladie d’Alzheimer, la dépression, l’épilepsie et l’obésité. Ici, la synthèse des énantiomères de 8 PPAPs aboutit à des substances présentant une activité antibiotique.
Cette découverte n’a été rendue possible que grâce au nouveau processus de synthèse qui a permis de disposer de quantités suffisantes d’énantiomères purs à tester.
Ces avancées pourraient avoir un impact considérable sur la découverte de médicaments et la médecine translationnelle à plusieurs égards : en plus d’aboutir à des processus de fabrication de médicaments évolutifs, plus efficaces et plus durables, ces techniques vont permettre de fabriquer plus efficacement des analogues de produits naturels, ou versions optimisées de composés naturels, mais plus puissantes ou plus sélectives dans leur fonctionnement thérapeutique, une fois dans le corps.
Un processus décrit comme « convivial » et durable pour l’industrie pharmaceutique.
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