PLAIES CHRONIQUES: Peut-on se passer des modèles animaux?
Les plaies chroniques constituent un fardeau clinique important qui affecte des millions de patients dans le monde, avec une prévalence en hausse en raison du vieillissement de la population et l’épidémie de maladies métaboliques et cardiovasculaires. "Pathophysiologiquement", on peut définir ces plaies chroniques comme des plaies bloquées au stade inflammatoire de la cicatrisation. Une phase « normale » mais qui devient chronique. Cependant, on reste loin d’une compréhension précises de chaque type de plaies, avec ses facteurs spécifiques et ses comorbidités. Cet examen de la science, sur les atouts et limites du modèle animal dans les études sur la cicatrisation, fournit une sorte de feuille de route précieuse aux équipes de recherche concernées. A lire dans la revue spécialisée, Chronic Wound Care Management and Research.
Intervient également le biofilm bactérien, objet d'une attention toute particulière ces dernières années pour son rôle clé dans la suppression et la perturbation de la réponse de l'hôte à la lésion cutanée. Il est donc essentiel de parvenir aussi, pour relancer la cicatrisation, à un effet inhibiteur des biofilms bactériens. Le biofilm bactérien est donc un phénomène qui devrait, également pouvoir être appréhendé dans les études menées chez l'animal.
Les limites des modèles animaux de plaies chroniques humaines : L'étiologie de la plaie (insuffisance veineuse, ischémie, diabète, pression) doit être prise en considération ainsi que les mécanismes pathophysiologiques et les comorbidités chez les humains qui vont entraîner d'énormes variations dans l'évolution de la plaie.
Les facteurs de confusion comme l'infection, le tabagisme, l'âge, le sexe, les traitements médicamenteux, les troubles métaboliques, et l'insuffisance rénale ajoutent à la difficulté d'obtenir des résultats valides chez l'Homme.
Enfin, intervient également le mode d'induction du dommage structurel imposé chez l'animal modèle, à la barrière cutanée, sa profondeur et la dimension de la zone lésée. Il faudrait donc prendre en compte le procédé utilisé pour générer la plaie et le modèle.
Mais les modèles animaux conservent leur intérêt : Des études sur les plaies chroniques ou des hypothèses pertinentes basées sur des observations in vitro peuvent néanmoins être testées sur des modèles animaux représentatifs. Ces modèles restent des outils essentiels pour mieux comprendre la pathophysiologie de la réparation cutanée en milieu infectieux. Les facteurs de complication, les différentes espèces de pathogènes et le moment de l'infection sont bien « repérables » sur les modèles animaux. Sous conditions de respecter certains paramètres, les modèles animaux peuvent expliquer comment la plaie devient chronique et infectée chez l'Homme. Dans de nombreux cas, les modèles animaux peuvent refléter les conditions pathologiques observées chez l'Homme, en dépit de différences entre la cicatrisation animale et la cicatrisation humaine.
Le modèle animal oui, mais sous conditions : bref, le recours aux modèles animaux devrait être affiné et suivi immanquablement de tests de reproductibilité et de pertinence clinique. Les chercheurs nous proposent donc un état de la science sur les capacités et les limites des différents modèles animaux utilisés dans les études sur les plaies cutanées et, en particulier les plaies chroniques.
Vers un nouveau modèle animal de plaie chronique ? Les chercheurs présentent également un nouveau modèle de plaie qui reflète au mieux l'interaction hôte / pathogène. Ce modèle murin de plaie chronique, la cicatrisation est bloquée par la présence d'un biofilm constitué par Pseudomonas aeruginosa située dans le derme et le tissu adipeux sous-cutané. Ce modèle permet de mieux comprendre la réponse de l'hôte au biofilm lors du processus de cicatrisation des plaies chroniques.
Bref, cet examen des avantages et limites du modèle animal dans la cicatrisation humaine apporte des informations précieuses, de méthodologie, aux chercheurs qui travaillent à de nouveaux dispositifs et traitements des plaies chroniques. Il conclut que le recours à ces modèles animaux permet a minima, d'identifier les facteurs clés de blocage de la cicatrisation.
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