PLAIES INFECTÉES: L'electro-stimulation efficace contre l'infection
Lutter contre les bactéries résistantes aux antibiotiques, comme le staphylocoque doré résistant à la Méthicilline (SARM) et contre les biofilms est un défi de tous les jours pour les soignants, dans les soins de plaies chroniques. Une nouvelle technique émerge, l’électro-stimulation (ou e-stimulation) qui accumule peu à peu ses preuves d’efficacité. Un état de la science, encore limité, mais prometteur, proposé par Advanced Tissue.
Les auteurs citent une étude publiée en 2009 dans la revue Wound Repair and Regeneration (2) qui documente le double effet « biofilm » sur la plaie: une réduction de l'efficacité des antibactériens et un ralentissement voire un arrêt du processus de cicatrisation. Plus récemment, une équipe de scientifiques de Washington a exploré, dans les Scientific Reports (3), la possibilité d'éliminer ce biofilm sur la plaie, avec un pansement sans antibiotiques mais utilisant la stimulation électrochimique. Ils s'attaquent ici à Acinetobacter baumannii, une bactérie liée aux infections nosocomiales. Cette nouvelle étude publiée dans la revue Today's Wound Clinic (5) confirme de bons taux d'efficacité pour la stimulation électrique contre les infections résistantes associées aux biofilms. Au départ, les chercheurs avaient fait l'hypothèse de pouvoir générer de faibles concentrations de peroxyde d'hydrogène par application d'un courant électrique sur un « échafaudage » conducteur. Ce flux continu de peroxyde d'hydrogène pourrait ensuite détruire les biofilms. Pour tester cette hypothèse, l'équipe a appliqué ce dispositif conducteur en fibres de carbone sur des cultures de biofilms de bactéries A. baumannii. Au bout de 24 heures, la surface du biofilm est réduite de plus de 80% sous l'effet du flux de peroxyde d'hydrogène. La même méthode, testée sur des prélèvements de tissus de porc ne cause aucun dommage observable à l'échantillon de peau.
Des limites à la méthode : l'étude précise les familles de bactéries sensibles ou insensibles à la technique et les sites sur lesquels la thérapie peut être mise en œuvre.
Lancer de nouvelles recherches : Une autre étude récente, publiée dans la revue PLoS ONE (4) confirme que, bien utilisée, la stimulation électrique peut contribuer à accélérer, de manière significative, la cicatrisation des plaies (Voir visuel ci-contre).
En conclusion, de premières preuves commencent à s'accumuler en faveur de cette toute nouvelle thérapie encore peu utilisée. Si les chercheurs s'accordent sur la nécessité de lancer de nouvelles recherches et de réunir plus de données pour établir ses risques et bénéfices à long terme et pour, plus simplement, comprendre les processus sous-jacents, la piste semble très prometteuse. A suivre, compte-tenu de l'émergence croissance des antibio-résistances et de la prévalence en hausse des infections nosocomiales. Et à noter: le principe existe déjà, avec le pansement-« électrode »…