PNEUMOCONIOSE : L' autre grande nuisance du charbon
Si en France, on n’exploite plus de mines de charbon, ce n’est évidemment pas le cas partout dans le monde, en particulier aux Etats-Unis, mais pas seulement. Cette étude de Université de l'Illinois à Chicago relève une forte reprise de l’incidence de formes graves de pneumoconiose, une maladie pulmonaire causée par les dépôts de poussière de charbon dans les poumons. L'analyse, présentée dans les Annals of the american Thoracic Society; corrèle cette recrudescence de "la maladie noire" à l'exposition à la silice et sensibilise ainsi à une autre conséquence sanitaire sévère de l'exploitation de cette énergie fossile.
Ainsi, l’exposition à la silice est une force motrice derrière les taux croissants de pneumoconiose, probablement plus que le charbon lui-même, conclut cette étude, la première à comparer la pathologie et la minéralogie de la maladie et qui contribue ainsi à expliquer pourquoi la fibrose massive progressive, la forme la plus grave de pneumoconiose se produit plus fréquemment dans certains états miniers.
Avec l’exploitation du charbon, la reprise de « la maladie pulmonaire noire »
- depuis les années 70, avec la baisse progressive de l’exploitation des mines de charbon, l’incidence de la maladie était elle-aussi en baisse ;
- depuis 2005, en raison des différentes crises énergétiques, de nombreux pays ont repris l’exploitation, et les cas de « poumon noir » ont triplé. De nombreux pays poursuivent l’exploitation du charbon, dont l'Inde, l'Australie, la Russie et l’Indonésie et aux Etats-Unis, dans les régions qui exploitent les mines de manière intensive, comme certaines régions des Appalaches, l’incidence de la maladie a été multipliée par plus de 10.
Silice et/ou charbon ? « Nous savons que la silice est hautement toxique et que l'exposition contribue à la pneumoconiose des mineurs, mais nous ne savons pas pourquoi ces travailleurs du charbon se sont mis à souffrir soudainement de formes plus graves et plus fréquentes de la maladie. Les réglementations sont restées les mêmes, les minéraux n'ont pas changé dans la terre, et il n'y a aucune preuve suggérant une plus grande vulnérabilité des humains à la poussière de charbon », commente l’un des auteurs principaux, le Dr. Robert Cohen, professeur en sciences de l'environnement.
L'étude : pour mieux comprendre ce phénomène, l’équipe a donc prélevé des échantillons de tissus pulmonaires de mineurs de charbon atteints d'une forme grave de pneumoconiose et ont comparé les échantillons de mineurs nés entre 1910 et 1930 avec ceux de mineurs plus jeunes. Les scientifiques ont relevé les caractéristiques pathologiques de chaque biopsie.
- les tissus présentant plus de 75% de nodules silicotiques, des nodules ronds avec des tourbillons de tissu cicatriciel rosâtre, ont été classés comme associés à une maladie de type silicose ;
- les tissus avec moins de nodules silicotiques (moins de 25 %) et un plus grand nombre de nodules gris ou pigmentés de noir ont été classés comme associés à une maladie de type pneumoconiose du charbon ;
- enfin une troisième catégorie rassemblait les participants dont les nodules étaient mixtes (ou de type mixte (25 % à 75 %) ;
- d'autres lésions ont également été recherchées, comme la protéinose alvéolaire liée à la poussière minérale, qui se présente sous la forme d'un matériau fluide sur le tissu pulmonaire et est causée par l'exposition à la silice ;
- des techniques avancées comme la microscopie électronique à balayage et la spectroscopie à rayons X ont permis de préciser la composition chimique, la structure cristalline et les propriétés physiques des particules minérales trouvées dans ces échantillons.
Silice et maladie sévère : cette analyse très complète identifie :
- un lien clair entre l'exposition à la silice et la maladie pulmonaire noire sévère chez les mineurs « contemporains » : ainsi, ceux-ci présentent des taux significativement plus élevés de maladies de type silice par rapport à leurs homologues plus âgés (57 % vs 18 %) ;
- en revanche, les mineurs plus âgés sont plus nombreux en proportion à présenter une maladie de type charbon (50 % vs 17 %) et de type mixte (33 % vs 26 %) ;
- la protéinose alvéolaire des poussières minérales est également plus fréquente chez les mineurs plus jeunes (70 % vs 37 %).
- La concentration des particules de silice est également plus élevée chez les mineurs plus jeunes concentration (4,7 vs 2,6 milliards de particules par cm3).
Pris ensemble, ces résultats démontrent que la silice est la cause principale de l'incidence croissante de cette forme de fibrose pulmonaire massive. Pourquoi cette résurgence de l’exposition à la silice ? De nouvelles technologies minières d'extraction du charbon qui élargissent l’exploitation minière en dessous et au-dessus de la couche de charbon, nécessitent plus de coupe à travers la roche et expliquent cette exposition plus élevée à la silice.
Avec la réexploitation des mines de charbon, en réponse aux crises énergétiques, l’exposition à la silice constitue un nouveau facteur de risque professionnel qu’il va falloir prendre en compte, au-delà des effets mieux médiatisés des émissions de CO2, liées à l'utilisation de cette énergie fossile .
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