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POLYMÉDICATION et COGNITION : Si trop de médicaments favorisaient le déclin ?

Actualité publiée il y a 2 années 7 mois 2 semaines
Journal of the American Geriatrics Society
Les personnes âgées ayant des problèmes de mémoire prennent justement plusieurs (ou trop de) médicaments (Visuel Adobe Stock 35644290)

Les personnes âgées ayant des problèmes de mémoire prennent justement plusieurs (ou trop de) médicaments, montre cette étude de pharmacologues et de gériatres de l’Université de Californie - San Francisco (UCSF) : si 58 % des personnes âgées atteintes de démence probable ou possible ont par ailleurs (en dehors de la démence) une santé bonne à excellente, plus de la moitié de ces personnes âgées démentes prennent …6 médicaments ou plus. Cette mauvaise habitude, au-delà d’alourdir les dépenses de santé, pourrait, selon l’étude, publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society exacerber les symptômes cognitifs.

 

Alors que les recherches se font plus nombreuses pour prêcher la déprescription chez ce groupe de patients poly et sur-médiqués, pour la première fois, une étude révèle que 87 % de ces personnes âgées seraient tout à fait disposées à arrêter au moins un de ces traitements, sous réserve d’accord de leur médecin traitant.

 

L'étude a suivi 422 personnes âgées, représentatifs de 1,8 million de bénéficiaires de Medicare. 75% des participants étaient âgés de 75 ans et plus ; 44% avaient une démence possible et 56% une démence probable. La démence probable et possible a été déterminée selon les critères de la cohorte NHATS (National Health and Aging Trends Study), une étude nationale menée sur le sujet. Les participants avaient ainsi passé des tests cognitifs, leur état de santé avait été documenté par un proche, un aidant ou un soignant ou le médecin traitant avait suggéré la démence. L’analyse confirme une association entre la polymédication et,

 

  • une incidence/sévérité plus élevées de la démence,
  • des interactions et des résultats indésirables,
  • une plus mauvaise observance, car les schémas thérapeutiques plus complexes nécessitent plus de temps et d'attention,
  • un risque accru d'erreurs et d'abus par inadvertance.

 

L’auteur principal, le Dr Matthew Growdon, gériatre et chercheur à la Division de gériatrie de l'UCSF et au San Francisco VA Medical Center ajoute à ces risques : « De nombreux médicaments peuvent être particulièrement nocifs pour les personnes âgées atteintes de troubles cognitifs, comme les benzodiazépines, utilisées pour traiter l'anxiété, et l'oxybutynine, utilisée pour traiter l'incontinence urinaire. Ces médicaments ont des effets sédatifs qui augmentent le risque de délire et la démence ».

87% des participants se déclarent prêts à arrêter au moins un de leurs médicaments :

  • ce taux atteint même 92 % chez les participants qui prennent 6 médicaments et plus, témoignant d’une conscience aiguë des patients de cette sur-médication ;
  • 29 % de ce groupe ont convenu « qu'au moins un médicament n'est plus nécessaire » et c’est à nouveau le cas de 13 % chez les plus médiqués.

 

8 médicaments par jour, chez les personnes âgées atteintes de démence : enfin, ces données sont en ligne avec de précédentes conclusions de la même équipe, qui révélaient une prescription moyenne de 8 médicaments chez les personnes âgées atteintes de démence vs 3 pour les personnes âgées exemptes de démence. Cette disparité pourrait refléter, selon les auteurs, un défaut de coordination des soins chez les patients déments. Mais la démence ou les déficiences cognitives qui peuvent conduire à des troubles de l'humeur, de la mémoire et à l'incontinence, peuvent également expliquer le plus grand nombre de traitements prescrits chez ce groupe de patients.

 

  • D'autres médicaments couramment prescrits comprennent la vitamine D et le calcium, ainsi que des médicaments contre l'hypertension artérielle, le diabète, la constipation et l'arthrite, notent également les auteurs.

 

La prescription des médicaments a pour objectif d’aider les personnes âgées à maintenir un bon fonctionnement au quotidien, à maintenir non seulement une bonne santé mais aussi un niveau satisfaisant de qualité de vie.

La déprescription permettrait donc une optimisation médicale 

«Nous devons garantir que les bénéfices l'emportent sur les risques, et que nous prescrivons conformément aux objectifs de soins et en tenant compte de facteurs spécifiques aux personnes âgées, comme la fragilité, la multimorbidité, les troubles cognitifs et l'état fonctionnel ».  


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