PRÉCARITÉ de l’emploi : Un facteur dramatique de mortalité prématurée
Alors que les problèmes d’emploi sont reconnus comme un facteur majeur de stress, de risque cardiaque et de suicide, cette nouvelle étude de l’Institut Karolinska révèle que la précarité de l'emploi est "finalement" aussi un facteur de risque de décès prématuré. Ainsi, ces chercheurs qui intègrent la notion de bien-être et de sécurité au nombre des conditions de bonne santé, sensibilisent, dans le Journal of Epidemiology & Community Health, au développement de politiques favorisant le passage d'un emploi précaire à un emploi durable.
« C'est la première étude à démontrer que le passage d'un emploi précaire à un emploi sûr peut réduire le risque de décès », résume l’un des auteurs principaux, Theo Bodin, professeur de médecine environnementale au Karolinska Institutet : « Cela signifie en clair que le risque de décès prématuré est plus élevé si l'on continue à travailler sans un contrat durable et sécure ». L’analyse révèle en effet, que les personnes dans une situation professionnelle précaire pourraient en pratique réduire leur risque de décès prématuré de pas moins de 20 % avec un emploi « permanent » conclut cette étude qui appelle les politiques à améliorer la sécurité de l'emploi sur le marché du travail pour améliorer la santé publique.
La sécurité de l’emploi, un facteur de santé publique
L'emploi précaire comprend ici les contrats courts comme les CDD et l'intérim, mais aussi les contrats à temps partiel à faible nombre d’heures, à faible salaire, dépourvus de droits et de responsabilités. Des caractéristiques de l’emploi qui conduisent toutes à une vie professionnelle imprévisible et insécure soulignent les auteurs.
L’étude a analysé les données de plus de 250.000 travailleurs âgés de 20 à 55 ans, recueillies sur une période allant de 2005 à 2017 et les taux de mortalité des personnes qui travaillaient au départ dans des conditions précaires et ont ensuite pu opter pour un contrat de travail plus sûr. L’équipe a pris en compte les facteurs de confusion possibles, dont l'âge, les maladies préexistantes et les événements traumatisants ou stressants de la vie. L’analyse révèle que :
- les travailleurs qui passent d’un emploi précaire à un emploi sûr bénéficient d’une réduction de 20 % de leur risque de décès, indépendamment de leur parcours professionnel par la suite ;
- les travailleurs qui conservent un emploi sûr pendant 12 ans$ voient ainsi leur risque de décès diminuer de 30 %.
« Grâce aux méthodes que nous avons utilisées, nous pouvons être relativement certains que la différence de mortalité est due à la précarité de l'emploi plutôt qu'à des facteurs individuels », précisent les auteurs qui insistent sur
le caractère évitable de ces décès liés à la précarité.
Ainsi, réduire la précarité sur le marché du travail emporterait des bénéfices pour la santé publique. D’autres recherches sont prévues pour identifier les causes spécifiques de mortalité associées à ce type de précarité.
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