PRÉMATURITÉ : Mieux prendre en charge la douleur du bébé
Les bébés prématurés ne bénéficient pas toujours d'une prise en charge adéquate de la douleur, affirme cette équipe de pédiatres néonatologistes du Karolinska Institutet. L’équipe rappelle que les bébés prématurés sont souvent pris en charge en unité de soins intensifs (USIN), dont l’environnement est souvent bruyant, les soins souvent techniques et douloureux. Cette recherche, la plus large enquête menée jusque-là ces soins néonatals, publiée dans la revue Pain, révèle que, la plupart du temps, ces bébés endurent des niveaux de douleur élevés durant le mois qui suit leur naissance.
L'étude : l’équipe du Karolinska enregistre et consigne ainsi chaque jour depuis 4,5 ans, l'apparition de la douleur, les causes de la douleur et la manière dont la douleur est évaluée et traitée chez ces bébés prématurés nés en Suède. Le suivi de ces données pour 3.686 bébés prématurés nés entre 22 et 31 semaines de grossesse. La durée totale d'observation a été d'un peu plus de 185.000 jours de soins. L’analyse de ces données enregistrées révèle que :
- les bébés nés extrêmement tôt, entre 22 et 23 semaines, présentent le plus grand nombre de problèmes médicaux douloureux et subissent des procédures de soins intensifs douloureuses
-
presque quotidiennement tout au long du premier mois qui suit la naissance ;
- 90 % des nourrissons extrêmement prématurés subissent des interventions douloureuses ;
- 45 % des bébés ressentent de la douleur, ce qui suggère que la douleur est prévenue ou traitée en grande partie, mais ce qui suggère aussi qu’elle pourrait être mieux prise en charge ;
- il existe une forte corrélation entre la morbidité aiguë et le fait d'être né très prématurément ;
- plus un bébé naît tôt, plus il a besoin de soins intensifs et plus « il souffre » ;
- parmi les procédures les plus douloureuses, figurent le traitement par respirateur, l'alimentation par sonde, l'insertion de cathéters dans les vaisseaux sanguins et les interventions chirurgicales ;
- les examens quotidiens sont également source de douleur.
L’auteur principal, le Dr Mikael Norman, professeur de pédiatrie au Karolinska Institutet, relève : « De manière assez surprenante, les plus petits bébés, qui sont les plus exposés à la douleur, sont mooins fréquemment traités avec de la morphine.
Il peut s'agir d'un type de sous-traitement »,
alerte l’auteur, qui rappelle néanmoins que en cas de traitement à la morphine, il existe une fine frontière entre le soulagement de la douleur et la chute de la tension artérielle, qui est un effet secondaire. Les bébés très prématurés ont déjà une tension artérielle très basse et le franchissement de cette ligne peut entraîner un collapsus circulatoire, ce qui peut être très grave. C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles ces très jeunes bébés reçoivent moins de morphine.
En conclusion, si des évaluations régulières de la douleur sont effectuées chez le nourrisson prématuré tout au long de la journée, si, en général, aucun enfant en néonatalogie ne souffre de douleurs intenses sans traitement, l’évaluation même de la douleur chez le petit enfant et a fortiori le bébé prématuré reste un défi. Il reste une marge considérable d’amélioration de sa prise en charge en USIN :
« Cela implique de développer de meilleures échelles d’évaluation ou des techniques physiologiques pour mieux mesurer la douleur chez le prématuré. De meilleurs traitements contre la douleur sont également nécessaires, peut-être avec des combinaisons de médicaments présentant moins de risques d’effets secondaires ».
Enfin, il est crucial d’améliorer la gestion de la douleur chez les bébés prématurés, car on sait aujourd’hui que leur développement est impacté négativement par les signaux de douleur envoyés au cerveau.
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