PSYCHO: Non le cerveau n'est pas forcément pré-câblé pour l'altruisme
Ces 2 recherches en neurosciences de l’UCLA identifient une voie de l’empathie et vont en quelque sorte contredire le concept du « bon sauvage » qui suppose qu’à l’état de nature, l’homme est bon et que finalement il aurait été corrompu par la civilisation. Car après avoir exploré les zones du cerveau qui alimentent nos impulsions empathiques et désactivent temporairement d'autres régions qui s’opposent à ces tendances sympathiques, ces neuroscientifiques se montrent plutôt dubitatifs sur le côté optimiste de la nature humaine.
« Notre altruisme peut être plus profondément enfoui qu'on ne le pensait », résume Leonardo Christov-Moore, chercheur à l'Institut de neuroscience de l'UCLA. Les 2 études menées avec Marco Iacoboni, professeur de psychiatrie à l'UCLA identifient néanmoins une cible et une thérapie possibles pour que les humains se comportent de façon moins égoïstes et plus altruistes. Une conclusion qualifiée « révolutionnaire » conclut l'auteur.
La première étude, publiée dans la revue Human Brain Mapping est menée sur 20 participants qui, visionnent une vidéo où des personnes se font piquer la main avec une épingle et passent par toute une gamme d'émotions (heureux, triste, en colère et excité). Pendant la vidéo, leur cerveau est observé par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, avec une attention toute particulière sur l'activité de certaines zones :
- l'amygdale, le cortex somato-sensoriel et l'insula antérieure, des zones impliquées dans la douleur et l'émotion ressenties à travers les autres.
- le cortex préfrontal, impliqué dans la régulation du comportement et le contrôle des impulsions.
Ensuite, les participants sont testés pour leur capacité à partager et à donner (de l'argent aux autres via un jeu-test utilisé par les sociologues). L'expérience montre que :
· les participants ayant le plus d'activité dans le cortex préfrontal sont les plus « avares » et les plus égoïstes,
· les participants qui présentent le plus d'activité dans les zones du cerveau associées à la perception de douleur et de l'émotion de l'autre sont les plus généreux : ceux-là vont partager jusqu'à 75% de leurs gains. Les chercheurs parlent ici de « résonance prosociale » ou « d'impulsion en miroir », et suggèrent que cette impulsion ou activation cérébrale est en fait la force motrice principale de l'altruisme.
Une impulsion altruiste : selon les auteurs, ces zones du cerveau fonctionnent selon une règle « d'or » : plus elles s'activent, plus nous avons tendance à vivre par procuration les situations des autres et plus nous sommes enclins à les traiter comme nous-mêmes.
Le cortex peut-il bloquer cette impulsion ? La seconde étude, publiée dans la revue Social Neuroscience a regardé si certaines zones du cortex préfrontal, impliqué quant à lui dans le contrôle du comportement et des impulsions, est en mesure de bloquer cette impulsion en miroir ou altruiste. Dans cette étude, 58 participants ont été soumis à 40 secondes de stimulation magnétique transcrânienne, qui amortit temporairement l'activité dans des régions spécifiques du cerveau. Les chercheurs ont freiné l'activité du cortex préfrontal dorsolatéral.
Bloquer ce centre du contrôle dans le cortex libère l'altruisme naturel qui est en nous : inhiber l'activité de ce centre de contrôle des impulsions « rend » les participants « 50% » plus altruistes. Ainsi, bloquer le cortex libère la capacité à « ressentir une émotion pour les autres ». Les participants sont alors libérés de l'influence des jugements sociaux qui affecte habituellement leur comportement.
Deux études qui suggèrent que chacun n'est pas forcément « naturellement » altruiste et qu'à supposé que ce soit le cas, le cortex pourrait bloquer ses élans vers les autres. Cependant ces résultats désignent des voies possibles pour accroître l'empathie, un objectif particulièrement légitime dans la prise en charge des personnes qui ont vécu des situations critiques comme la prison ou la guerre. Et la preuve de concept qu'avec une procédure non invasive, on peut favoriser le comportement prosocial.
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