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PUPILLOMÉTRIE : Les yeux sont-ils la fenêtre de nos erreurs ?

Actualité publiée il y a 5 années 5 mois 1 semaine
Nature Human Behaviour
Le regard a déjà été documenté comme le reflet de nos émotions et de nos sentiments, les yeux comme une fenêtre sur la santé mentale et cognitive, l’eye-tracking comme une méthode efficace pour détecter certains troubles mentaux.

Le regard a déjà été documenté comme le reflet de nos émotions et de nos sentiments, les yeux comme une fenêtre sur la santé mentale et cognitive, l’eye-tracking comme une méthode efficace pour détecter certains troubles mentaux. Cette étude de l’Université de l'Arizona, présentée dans la revue Nature Human Behaviour, montre que les yeux sont aussi le reflet de nos erreurs. Ce faisant, l’étude décrypte un peu mieux le processus cognitif qui conduit à l’erreur.

 

Nous prenons tous de mauvaises décisions, l’équipe de l’Arizona a tenté de mieux comprendre pourquoi. Ce sont dans les yeux des participants qu’elle identifie un début de réponse. « Les humains ne prennent pas toujours les bonnes décisions. Ils sont soumis à de nombreux biais cognitifs. Notre objectif était de comprendre à quel type de biais les humains sont soumis lors de l’analyse des données et au fil du temps », résume l’auteur principal, Waitsang Keung, du Département de psychologie de l’Université.

 

Pour étudier ce processus de l'erreur chez les humains, les chercheurs ont fait passer, à 108 participants, un test auditif : chaque participant était invité à écouter une série de 20 clics, certains dans leur oreille gauche et d'autres dans l’oreille droite, en l'espace d'une seconde. Ils devaient ensuite décider quelle oreille recevait le plus de clics. Chaque participant a répété cette tâche 760 fois, en moyenne, avec des clics variables dans chaque essai. En raison de la rapidité de la tâche, les réponses étaient erronées dans 22% des cas. Durant ces tâches, les chercheurs ont examiné les yeux des participants, en particulier lorsqu’une erreur était commise.

L’analyse des données révèle 4 sources principales censées contribuer à la formation d’erreurs lors de décisions liées à des perceptions simples. Ces 4 sources s’avèrent ici en cause dans les erreurs commises par les participants mais facteurs de réactivité des participants pour 2 d’entre elles.

 

  1. Le moment d’arrivée des données : une des raisons pour lesquelles nous prenons des décisions imparfaites est liée à l’importance que nous accordons aux différentes données que nous recevons au fil du temps. Dans un monde parfait, nous devrions peser toutes ces données ou éléments de preuve de manière égale. En réalité, nous avons tendance à les estimer de manière inégale. Lors d'une conférence, certains auditeurs peuvent accorder beaucoup de poids aux remarques liminaires de l’intervenant : c'est l"effet de primauté". D'autres pourront être plus fortement influencés par les observations finales de l’intervenant. C’est "l’effet de récence". L’étude montre que les participants qui ont soupesé de manière plus inégale les éléments de preuve recueillis au cours de la tâche, présentent une dilatation plus grande des pupilles. Cela s'avère particulièrement vrai chez les participants dont les réponses ont été le plus influencées par les clics entendus au milieu de la tâche que par les clics entendus au début ou à la fin. Cette première source d'erreurs, corrélée à la dilatation de la pupille, est liée à ce que les chercheurs appellent le « bruit dans le cerveau », ou l'incapacité du cerveau à interpréter parfaitement les données en entrée.
  2. La pondération des données : une pondération inégale des données s’avère être la 2ème cause d'erreur au cours des tâches. « Le cerveau est intrinsèquement incapable de représenter parfaitement les stimuli », aoute Robert Wilson, professeur de psychologie et co-auteur de l’étude.

Les deux autres sources d'erreur relevées par les scientifiques sont :

  1. l’effet d’ordre des essais précédents et la tendance d’un individu à laisser les décisions et les résultats précédents interférer avec le choix actuel ;
  2. les partis pris irrationnels, ou la préférence personnelle constante d'un individu pour un choix plutôt que pour un autre, et quelles que soient les preuves déjà recueillies.

 

 

La taille de la pupille reflète les niveaux de noradrénaline du cerveau : la noradrénaline (ou norépinéphrine), un neurotransmetteur qui module l’excitation peut être indirectement mesurée par la « pupillométrie ». Or ici, la noradrénaline s’avère liée au nombre d'erreurs commises : « la norépinéphrine contrôle le nombre d'erreurs que nous commettons », ce qui pousse les auteurs à s’interroger : « Dans quelle mesure peut-on la contrôler ? »

 

« Nous essayons vraiment de comprendre pourquoi nous faisons des erreurs, et la réponse est en partie parce que nous avons plusieurs systèmes en concurrence les uns avec les autres dans notre cerveau et cette concurrence induit des décisions sous-optimales. Dans une certaine mesure, c'est contrôlable, mais pas complètement. »


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