RÉCUPÉRATION post-AVC : Inscrite dans les gènes ?
Bien récupérer d’un accident vasculaire cérébral (AVC) dépend de variantes génétiques par ailleurs fortement associées à la dépression, au syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et aux troubles cognitifs, conclut cette équipe de neurologues de l’Université de Californie - Los Angeles (UCLA). Ces travaux, publiés dans la revue Stroke, en identifiant pour la première fois des gènes spécifiques corrélés à la trajectoire de récupération de l’AVC, apportent aux médecins des informations utiles pour des thérapies mieux ciblées et laissent espérer le développement de tests de prédiction de la récupération.
L’équipe californienne cherchait à déterminer si les gènes candidats pouvaient prédire un risque post-AVC plus élevé de complications, telles que la dépression, le SSPT et le déclin cognitif. L’auteur principal, le Dr Steven C. Cramer, professeur de neurologie à l’UCLA rappelle ici que même s'il existe certains prédicteurs connus, que les médecins peuvent utiliser pour anticiper la récupération d’un patient post-AVC, -comme l'âge ou l'état de santé du patient- ces prédicteurs restent largement insuffisants.
Ainsi, il reste très difficile pour les médecins d’anticiper la suite, pour la victime d'un AVC
« Les patients nous demandent depuis leur civière aux Urgences « Mais quelle est la prochaine étape ? Que va-t-il m’arriver ? Les patients souhaitent connaître leur trajectoire de récupération, les traitements qui s’offrent à eux et s’ils vont retrouver toute leur santé ». Les cliniciens qui traitent ces patients ont les mêmes besoins, et manquent d’outils pour comprendre et prédire comment un patient va s’en sortir… ».
De précédentes recherhes ont apporté la preuve d’association de certaines différences génétiques au processus de guérison d'un AVC, cependant l’identification de ces gènes reste partielle et limitée : la plupart des études génétiques menées sur l’AVC reposent sur une mesure du handicap global (échelle de Rankin modifiée), qui est qui combine les données de récupération pour tous les comportements en un score unique à un seul chiffre.
Un système de notation actuellement limité : ce score ne tient en effet pas compte des différences possibles de résultats de l’AVC en termes de complications mentales ou neurologiques, comme par exemple, la dépression sévère, l’anxiété persistante et se concentre surtout sur la récupération de la motricité.
Une nouvelle métrique de récupération de l’AVC ?
L’étude analyse tout un ensemble de gènes candidats chez plus de 700 participants, post-AVC, évalués pour leur comportement, la santé cognitive, la dépression, le SSPT et d'autres déficits cognitifs, 1 an après l'AVC. Cette analyse révèle :
- des associations significatives entre certains gènes et les résultats en matière de santé comportementale ;
- ainsi, la variante du gène rs6265 est identifiée comme associée à un déclin cognitif, post-AVC ; il se trouve que cette variante génétique est liée au facteur neurotrophique dérivé du cerveau, ou BDNF, un facteur de croissance fortement associé à l'apprentissage ;
- or, 20 à 30 % des personnes en population générale sont porteuses de cette variante génétique…
- des facteurs environnementaux, tels que les facteurs de stress, sont également identifiés comme jouant un rôle tout aussi majeur : les patients porteurs des variantes génétiques rs4291 et rs324420 présentent un risque plus élevé de développer des symptômes de dépression et de SSPT 1 an après l’AVC ;
- et plus ces participants signalent un stress élevé, plus la variante génétique est associée à des résultats de santé mentale dégradée ;
- une autre variante, le rs4680, se révèle associée, au contraire, à une diminution des symptômes de dépression et de SSPT.
Si ces nouvelles données vont nécessiter une validation, elles suggèrent déjà le poids de variantes génétiques dans la récupération post-AVC, avec des implications en termes de traitement et d’accompagnement. Ces données pourront aider les médecins et les autres professionnels de santé à mieux adapter les options de traitement,
sur la base d'un simple test génétique à venir.
« Peut-être qu’un jour nous aurons même un médicament qui cible certains récepteurs génétiques », concluent les chercheurs.
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