RÉSISTOME : Microbiome intestinal ou oral, quel est le plus résistant ?
Cette équipe du King's College London compare bien ici le « résistome » ou l'ensemble des gènes de résistance aux antibiotiques du microbiote intestinal et du microbiote oral. Cette analyse inédite et précieuse des différences de résistance aux antibiotiques entre le microbiome intestinal et celui de la bouche, va très probablement permettre de mieux lutter contre la résistance aux antibiotiques : car la bouche étant le principal point d'entrée des médicaments, le microbiome oral semble bien avoir la capacité d'influencer la propagation de la résistance dans l’ensemble du microbiome humain. Ces travaux, présentés dans la revue Nature Communications, révèlent des profils de résistance uniques au sein du microbiote oral et posent la question du rôle central du microbiote intestinal.
La menace des résistances antimicrobiennes aux médicaments est un des défis prioritaires en Santé publique mondiale. Des recherches de plus en plus nombreuses visent à identifier ces gènes qui confèrent ces résistances aux « superbactéries » et qui constituent le "résistome" (ou ensemble des gènes de résistance à un ou plusieurs antibiotiques dans un environnement donné, ici le microbiote oral ou le microbiote intestinal). La prévalence de ces gènes est positivement corrélée à celle des infections microbiennes. Le microbiome intestinal humain et son résistome commencent à être bien documentés, on en sait beaucoup moins sur le résistome oral.
Maîtriser la résistance aux antimicrobiens passe par la connaissance du résistome humain
C’est l’objectif des recherches du Dr David Moyes, maître de conférences et expert en microbiome au King's College de Londres. Son équipe a analysé la salive, à la plaque dentaire et d'autres données orales et a rapproché ces premières données de la base de données internationale sur la résistance aux antibiotiques (CARD). Cette analyse révèle des profils de résistance uniques dans la bouche par rapport à l'intestin et une moindre diversité des gènes de résistance dans la bouche.
Ce n’est qu’une première étape pour décrypter les différents microbiomes du corps humain, leurs rôles et les résistomes associés. Lutter contre ces résistomes pourrait permettre de réduire la résistance de certains patients à certains traitements.
Avec une grande question à la clé, si les différents organes ou sites du corps ont des résistomes différents, le résistome intestinal « représente-t-il » l'intégralité du résistome humain?