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RETARD de CICATRISATION des plaies : Rappel de 2 facteurs majeurs de chronicité

Actualité publiée il y a 5 années 2 mois 2 semaines
ASCB Annual Meeting
Les plaies chroniques touchent plus d’un million de Français, l’Assurance maladie fait état de dépenses de prise en charge de près d’un milliard d’euros pour le soin des escarres et des ulcères -dont ulcère du pied diabétique

Ces chercheurs de l’Université de Californie – Riverside rappellent pourquoi certaines plaies deviennent chroniques. Leurs travaux, présentés lors du Congrès annuel de l’American Society for Cell Biology (ASCB) nous décrivent le rôle délétère des espèces réactives de l'oxygène et a contrario, montrent que leur réduction voire leur élimination peut relancer le processus de cicatrisation.

 

Les plaies chroniques touchent plus d’un million de Français, l’Assurance maladie fait état de dépenses de prise en charge de près d’un milliard d’euros pour le soin des escarres et des ulcères -dont ulcère du pied diabétique : voir visuel- soignés à domicile. Ces ulcères diabétiques qui entrainent par ailleurs, la grande majorité des amputations de pied et de jambe. La question des causes de retard de cicatrisation et de complications de ces plaies se pose tant pour le patient, le soignant que pour le système de santé. Si les facteurs sont multiples et généralement associés aux résultats de santé et au mode de vie du patient, identifier les principaux mécanismes biologiques en cause peut également ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques permettant de relancer ou d’accélérer la cicatrisation.

Lutter contre les ROS

C’est l’objectif de cette étude menée par une équipe de biologistes qui fait valoir 2 activités biologiques majeures et hors de contrôle dans les infections et les complications de plaies chroniques. L’étude rappelle en effet le rôle clé des espèces réactives de l'oxygène (ROS), des molécules chimiquement réactives formées par la réduction partielle de l'oxygène, et des biofilms formés par les bactéries qui favorisent l’infection résistante de la plaie.

  • Les espèces réactives de l'oxygène sont le sous-produit naturel du métabolisme normal de l'oxygène et jouent un rôle dans la signalisation cellulaire et l'homéostasie. Cependant, en excès ces molécules induisent une inflammation chronique, une caractéristique essentielle des plaies qui ne cicatrisent pas.
  • Les biofilms sont des mécanismes de défense bactériens. Regroupées ensemble, les bactéries se créent un environnement toxique qui les rend capables de résister aux processus de cicatrisation et de fermeture naturels de la plaie. La plaie devient alors chronique.

 

 

Le rôle central des ROS dans l'infection chronique des plaies : Ici, les chercheurs ont inhibé des enzymes connues pour leurs capacités antioxydantes, la glutathion-peroxydase et la catalase. Une fois ces enzymes inhibées, les niveaux de ROS dans les plaies ont grimpé en flèche et le biofilm s'est renforcé. L’expérience montre également que l’inhibition des 2 enzymes à la fois est encore plus dommageable (effet de démultiplication).

 

La réduction des niveaux de ROS dans une plaie chronique constitue donc une piste thérapeutique prometteuse. Cette équipe en avait d'ailleurs apporté dès 2013 la preuve de concept, chez l’animal : chez un modèle de souris diabétique, l’élimination des ROS permet de normaliser les conditions de la cicatrisation et d'obtenir la fermeture de la plaie. Mais comment ? Pour réduire les ROS à des niveaux normaux, les chercheurs ont appliqué 2 suppléments d'antioxydants puissants, la vitamine E et la n-acétylcystéine (NAC), un dérivé naturel de l’acide aminé cystéine, largement reconnu pour ses effets antioxydants.

Les activités d’enzymes antioxydantes (glutathion-peroxydase et catalase) ont été restaurées, les niveaux de ROS réduits et le biofilm bactérien s'est désintégré dans la plaie, ce qui a permis le développement d’un tissu plus sain (bourgeonnement) et la cicatrisation de la plaie.

 

En conclusion, en modulant délibérément des paramètres spécifiques, il est possible de « créer » de la chronicité puis de l’inverser par un traitement antioxydant. Ces travaux nous aident à mieux comprendre les mécanismes qui sous-tendent le développement des plaies chroniques.

Ils constituent également une base de développement de nouveaux traitements des plaies chroniques chez l'Homme.

 


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