ROTAVIRUS et MICROBIOTE : Ces sucres du lait maternel qui jouent double-jeu
Les sucres et le microbiome contenus dans le lait maternel influencent chez l’enfant le risque d’infection à rotavirus néonatal, conclut cette étude du Baylor College of Medicine (Houston). En utilisant une approche multidisciplinaire, l’équipe révèle, dans la revue Nature Communications, des interactions complexes entre les sucres et le microbiome présent dans le lait maternel et l’infection à rotavirus néonatal. De nouvelles connaissances sur les infections à rotavirus chez les nouveau-nés avec, notamment, l’identification de composants maternels susceptibles d’améliorer les performances des vaccins antirotavirus.
Les auteurs rappellent que chez les petits enfants jusqu’à 5 ans, l’infection à rotavirus provoque la diarrhée et les vomissements, les bébés âgés de moins de 28 jours ne présentant généralement aucun symptôme. Cependant, en réalité, les infections chez le nouveau-né sont associées à de graves problèmes gastro-intestinaux et les différences entre les nouveau-nés avec et sans symptômes restent mal comprises. L’auteur principal, le Dr Sasirekha Ramani, professeur de virologie moléculaire et de microbiologie au Baylor College of Medicine explique que la découverte, par son équipe, d’une souche particulière de rotavirus associée à la fois à des infections asymptomatiques et à des symptômes cliniques chez les nouveau-nés avait motivé ces recherches.
Des sucres du lait maternel augmentent la virulence de l’infection à certains rotavirus : L’équipe a d’abord voulu identifier des réponses associées au virus, à la charge virale, et à son génome entraînant la présence de symptômes chez les nouveau-nés. Mais cette piste ne mène à rien. L’équipe a donc regardé les facteurs associés au nouveau-né et c'est ainsi qu'ils ont identifié le rôle clé de l’allaitement maternel : des composants du lait maternel et précisément certains sucres présents dans le lait maternel semblent renforcer l'infection de cellules en culture avec une souche spécifique de rotavirus néonatal. Un résultat surprenant lorsqu’on sait que le lait maternel renforce la protection du nouveau-né contre l'infection à rotavirus et que la présence de sucres dans le lait maternel peut réduire la virulence d'autres rotavirus. Les chercheurs ont ensuite souhaité valider ces résultats de laboratoire dans une cohorte de couples mère-enfant. Ils constatent alors à nouveau que certains des mêmes sucres responsables sont bien présents dans le lait des mères de nouveau-nés présentant une infection symptomatique.
Mais ces mêmes sucres augmentent aussi la réponse vaccinale, donc l’immunité : cette association entre le microbiome présent dans le lait maternel et les symptômes gastro-intestinaux chez le nouveau-né n’est pas que néfaste : en effet ces sucres augmentent également la réplication du vaccin vivant atténué contre le rotavirus, similaire au virus néonatal étudié ici. Or une réplication virale améliorée permet une réponse immunitaire plus efficace contre le virus, ce qui permet de mieux protéger le nourrisson.
Il est donc urgent, concluent les chercheurs, d'améliorer notre compréhension et notre connaissance de la composition et des variations possibles de ces composants du lait maternel. Cela nous permettra de comprendre comment les rotavirus et d'autres agents pathogènes peuvent tirer parti des composants du lait maternel mais aussi d’élaborer de nouvelles stratégies de vaccination.
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