SANTÉ CÉRÉBRALE : Inégalité mondiale, inégalité sociale, inégalité cognitive
Ces neurologues du Trinity College Dublin se reposent la question de la corrélation entre la situation socio-économique et la santé cérébrale. En d’autres termes, quelle est la relation entre ces 2 facteurs ? Et quelle est la direction d’une telle relation ? Ces travaux publiés dans Nature Aging, confirment le lien entre inégalité socioéconomique, dont macroéconomique, santé cérébrale et risque de démence à l’âge avancé, suggérant un ancrage biologique des inégalités sociales.
L'inégalité sociale affecte la structure et le volume du cerveau :
cette recherche révèle un lien direct entre ces inégalités structurelles, telles que les disparités socioéconomiques mesurées par un indice national (GINI), et les changements dans la structure et la connectivité du cerveau associés au vieillissement et à la démence. Ces travaux mettent également en lumière la manière dont les inégalités sociales s’ancrent biologiquement….
L’étude examine l’association entre l’inégalité structurelle (indices de Gini au niveau national et au niveau de l’État) et le volume et la connectivité du cerveau chez 2.135 participants en bonne santé et atteints de la maladie d’Alzheimer et de dégénérescence frontotemporale, résidant en Amérique latine et aux États-Unis. L’analyse révèle que :
- des niveaux plus élevés d’inégalité sociale (moindre classe socio-économique) sont liés à une réduction du volume cérébral et à une connectivité perturbée, en particulier dans les régions temporo-postérieures et cérébelleuses essentielles aux fonctions cognitives ;
- ces effets sont plus prononcés dans les régions du monde à niveaux « macros » élevés de stress socioéconomique, comme par exemple, l’Amérique latine ;
- cette réduction du volume cérébral et de connectivité indique un risque accru de démence et est associée à une progression plus rapide et à la gravité de la maladie ;
- en d’autres termes, ces inégalités sociales semblent donc exacerber la neurodégénérescence dans les populations vieillissantes ;
- les effets plus légers sont observés en revanche dans la dégénérescence frontotemporale, ce qui soutient la thèse d’un impact génétique prépondérant d ans la démence frontotemporale ;
- ces différentes associations valent même prise en compte des facteurs individuels tels que l’éducation, l’âge, le sexe et les capacités cognitives, soulignant le rôle indépendant des facteurs de niveau macro dans la formation et le maintien de la santé cérébrale.
Quelles implications ? Ces conclusions soulignent l’urgence d’intégrer non seulement les déterminants sociaux individuels de la santé dans la recherche sur la santé cérébrale et cognitive, dont les facteurs d’exposition au niveau macro (niveau économique à l’échelle d’un pays ou d’une région du monde).
L’équité en matière de santé cérébrale implique une équité au niveau macro et socio-économique. Ainsi, atténuer la pauvreté, mais aussi la pollution et le risque climatique, peut contribuer à atténuer le vieillissement accéléré du cerveau dans les communautés plus défavorisées.
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