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SANTÉ MENTALE : Plus de pollution, plus de consultations

Actualité publiée il y a 1 année 2 mois 3 semaines
BMJ Mental Health
La pollution de l'air a déjà été liée aux troubles cognitifs et mentaux, avec un rôle possible dans l'accélération de la démence (Visuel Adobe Stock 415851618)

La pollution de l'air a déjà été liée aux troubles cognitifs et mentaux, avec un rôle possible dans l'accélération de la démence. Cette étude de neurologues et de psychiatres du King’s College London démontre que la pollution est bien liée à une utilisation accrue des services communautaires de santé mentale, -et c'est l'originalité de cette étude- par des personnes déjà diagnostiquées avec une démence.

Ainsi et accessoirement, la réduction des niveaux de dioxyde d'azote et de particules et plus globalement la réduction de la pollution, pourrait libérer des ressources dans les services psychiatriques de proximité déjà surchargés, suggèrent ces chercheurs, dans le BMJ Mental Health.

L'exposition à des niveaux élevés de pollution est liée à une utilisation accrue des services de santé mentale,

en particulier par les personnes atteintes de troubles cognitifs et de démence, conclut cette vaste étude longitudinale, menée dans une zone de Londres à fort trafic et à forte pollution. L’étude a évalué l'utilisation des services de santé mentale communautaires sur 9 ans par 5.024 participants âgés de 65 ans et plus, vivant dans le sud de Londres et ayant reçu un diagnostic initial de démence entre 2008 et 2012.

  • 54% soit 2.718 participants avaient reçu un diagnostic de maladie d'Alzheimer,
  • 20 % soit 1.022 participants avaient reçu un diagnostic de démence vasculaire,
  • 26,5 % soit 1.330 participants avaient une autre forme de démence non précisée.

 

L’équipe a pris en compte les estimations trimestrielles de 2 principaux polluants atmosphériques, le dioxyde d'azote (NO2) et les particules (PM2,5 et PM10), autour des zones de résidence des participants, pour la période 2008-12. L’analyse révèle que :

 

  • l’exposition à tous les polluants atmosphériques est plus élevée chez les participants atteints de démence vasculaire et plus faible chez ceux atteints de la maladie d'Alzheimer ;
  • au cours de la première année de suivi, une exposition plus élevée à tous les polluants atmosphériques est associée à une augmentation de l'utilisation des services de santé mentale communautaires par les personnes diagnostiquées avec démence ;
  • plus le niveau d'exposition est élevé, plus le recours aux services de santé mentale est important, notamment pour l'exposition au NO2 ; cela était particulièrement marqué chez les patients atteints de démence vasculaire ;
  • vs les participants vivant dans des zones plus préservées, ceux qui vivent dans des zones où le niveau d'exposition est le plus élevé sont 27 % plus susceptibles d'utiliser ces services de santé mentale ;
  • les participants les plus exposés au microparticules PM2,5 sont 33% plus susceptibles d'utiliser les services de santé mentale ;
  • cette association entre l’exposition aux PM2,5 et l'utilisation plus fréquente des services de santé mentale vaut toujours 5 et 9 ans plus tard pour les participants atteints de la maladie d'Alzheimer et de démence vasculaire, est plus marquée pour les participants atteints de démence vasculaire ;
  • à tous les points de l’étude et selon des échelles d’évaluation reconnues, l'exposition au NO2 est associée à une dégradation de la santé et du fonctionnement, de la capacité de fonctionnement au quotidien, mais pas au déclin cognitif ;

 

Réduire la pollution pourrait réduire la prévalence des troubles de la santé mentale ? L’étude est observationnelle et ne démontre donc pas la relation de cause à effets. Cependant, ses conclusions viennent ajouter à la preuve des effets nocifs de la pollution sur la santé mentale. Ainsi, même si la relation n’est pas démontrée, les auteurs estiment que si l'exposition annuelle aux PM2,5 à Londres (11,6 µg/m3 en 2019) tombait à 5 µg/m3, comme le recommande l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de consultations dans les services communautaires de santé mentale pourrait être réduit de 13 % par an. De même, la réduction des niveaux annuels de NO2 (39 µg/m3 en 2019) à la limite recommandée de 10 µg/m3 pourrait réduire de 38 % ce nombre de consultations.

 

« La pollution de l'air pourrait être considérée comme une cible importante en population générale, pour réduire les troubles mentaux et l'utilisation associée des services de santé mentale par les personnes déjà diagnostiquées avec une démence, en particulier celles souffrant de démence vasculaire ». Ce qui libèrerait des ressources au sein de ces services déjà surchargés.


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