SANTÉ RESPIRATOIRE : Elle passe aussi par un axe intestin – poumon

De nombreuses recherches ont aujourd’hui documenté l’axe intestin -cerveau. Cette équipe de chercheurs de l'Université de Toronto décrypte une nouvelle voie de communication entre l'intestin et le poumon. Cet axe intestin – poumon, qui passe par un microbe intestinal capable de remodeler l'environnement immunitaire pulmonaire aboutit à des effets à la fois bénéfiques et néfastes sur la santé respiratoire.
En d’autres termes, le microbiote intestinal peut aussi exercer une influence sur la santé pulmonaire. L’auteur principal, le Dr Arthur Mortha, professeur agrégé d’immunologie à l’Université de Toronto ajoute : « Les microbes intestinaux pacifiques qui vivent à l'intérieur de notre intestin sont des acteurs essentiels du contrôle de notre système immunitaire. Des preuves de plus en plus nombreuses impliquent ces micro-organismes commensaux dans la santé et le fonctionnement d’autres organes comme les poumons, le cerveau, la peau ou les articulations ».
Ainsi, au cours de ces dernières années, des changements dans la composition de la communauté microbienne intestinale ont été liés à une série de traits et de conditions, notamment l’obésité, les allergies, le cancer et les troubles de santé mentale. Ces études se sont principalement concentrées sur les bactéries, qui représentent la plus grande fraction des microbes trouvés dans la communauté intestinale.
Les protozoaires aussi
L’étude se concentre en effet sur les protozoaires, des microbes unicellulaires comme les bactéries, mais beaucoup plus gros et structurés de manière plus complexes. Alors que la plupart des protozoaires connus sont classés comme des parasites, plusieurs espèces moins connues peuvent vivre en symbiose avec leurs hôtes. Comprendre comment certaines espèces commensales de protozoaires présentes dans l’intestin influent sur la santé globale et notamment ulmonaire était l’objectif de cette étude.
L’équipe examine un protozoaire appelé Tritrichomonas musculis, ou T. mu, qui réside de manière inoffensive dans l’intestin des souris. Ces analyses révèlent que :
- les modèles colonisés par T. mu présentaient des niveaux étonnamment élevés de cellules immunitaires spécifiques dans leurs poumons ;
- certaines de ces cellules immunitaires provenaient de l’intestin et se déplaçaient vers les poumons, où elles optimisaient l’environnement immunitaire local et pouvaient donc modifier les réponses aux infections respiratoires ;
- T. mu déclenche la production et la migration de ces cellules immunitaires de l’intestin vers les poumons, jouant ainsi un rôle clé de chef d’orchestre du système immunitaire ;
- ces changements immunitaires induits par T. mu dans les poumons peuvent soit aggraver l’inflammation des voies respiratoires causée par l’asthme allergique, soit exercer un effet protecteur contre les infections respiratoires.
Quel impact de T. mu sur la tuberculose ? Ces travaux montrent que des niveaux plus élevés de cellules immunitaires dans les poumons des souris colonisées par T. mu font fonction de bouclier antimicrobien dans les voies respiratoires, aidant à contenir les infections tuberculeuses et à retarder la propagation de l’infection dans d’autres organes.
« Ce protozoaire a un impact très fort sur le système immunitaire dans le tractus intestinal, et permet plus largement de résister à des infections très graves ».
De nouvelles approches diagnostiques et thérapeutiques ? L’étude désigne en effet de nouvelles cibles pour le traitement de l’asthme et d’autres maladies inflammatoires chroniques. Mais aussi en termes de diagnostic : la présence de protozoaires spécifiques pourrait être utilisée pour prédire si un patient va développer un asthme sévère et pour surveiller la réponse au traitement.
Au-delà de l’axe intestin-cerveau et de l’axe intestin - poumon, les recherches se poursuivent sur d’autres axes partant du microbiome intestinal et dirigeant vers d'autres organes :
« La migration des cellules immunitaires d’un organe à un autre représente une nouvelle façon pour les organes de communiquer entre eux, notamment par l’intermédiaire des microbes de l’intestin ».
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