SCHIZOPHRÉNIE : Le risque de décès reste démultiplié
Les personnes souffrant de schizophrénie ont un risque de décès prématuré multiplié par 3, révèle cette large étude du Centre for Addiction and Mental Health de Toronto, menée sur 1,6 million de décès. Des données présentées dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) qui sensibilisent au besoin de surveillance et de prévention pour réduire ce risque très élevé, retrouvé d’ailleurs en association avec d’autres troubles mentaux et neurologiques, dont l’épilepsie.
De précédentes études ont déjà relevé que les personnes atteintes de schizophrénie ont un risque bien plus élevé d’hospitalisation, ce qui sous-entend une maladie plus sévère ou une sévérité de la maladie mentale. Des taux de mortalité élevés chez les personnes atteintes de schizophrénie ont également été démontrés dans de petites études et dans différents pays comme la Scandinavie et l'Australie.
8 années de vie en moins : cette large étude a examiné tous les décès en Ontario sur une période de 20 ans soit plus de 1,6 million pour mieux cerner l’incidence associée à la schizophrénie.
- 31.349 décès s’avèrent être intervenus chez des patients atteints de schizophrénie ;
- En dépit de l'augmentation de l'espérance de vie constatée chez les personnes atteintes de schizophrénie, leur espérance de vie reste de 8 ans inférieure à l’espérance de vie en population générale ;
- Ainsi, l'âge du décès est passé d'une moyenne de 64,7 à 67,4 ans de 1993 à 2012 chez les patients atteints de schizophrénie vs à 73,3 à 76,7 ans en population générale ;
- Les décès de toutes les causes confondues ont diminué de 35% simultanément dans les deux groupes.
« Que faire ? » interroge le Dr Paul Kurdyak, auteur principal de l’étude qui regrette le manque de preuves et d’interventions pour réduire ce taux de décès : « Cette étude, en plus de documenter des taux de mortalité étonnamment élevés, souligne également un problème d'inégalité d’accès aux soins pour ce groupe de patients, aux besoins complexes. Ainsi, son étude montre que ces patients ne bénéficient que dans une moindre mesure des réductions des décès cardiovasculaires observés en population générale. L'accès aux soins de santé et aux conseils d’adhésion à un mode de vie sain est réduit : les taux de tabagisme, de consommation excessive d'alcool, de régimes alimentaires malsains et de sédentarité, qui restent plus élevés, peuvent expliquer ce risque de mortalité plus élevé. Les auteurs suggèrent naturellement de développer des stratégies visant à réduire le tabagisme et une mauvaise alimentation ainsi que les interventions favorisant la pratique de l’exercice pour lutter contre le gain de poids -lié parfois aussi aux médicaments.
« Bien qu'il y ait déjà eu de nombreux appels à l'action pour aider les personnes atteintes de maladie mentale grave, comme la schizophrénie, à gérer les comorbidités chroniques, et bien que la tendance observée soit plutôt positive, il faut faire plus d'efforts pour réduire cette disparité considérable en termes de mortalité et de fardeau de la maladie ».
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