SÉLÉNIUM : L’oligo-élément clé en cas de grande fragilité
On parle peu du sélénium, c’est pourtant un oligo-élément essentiel à la santé qui joue un rôle clé dans l'immunité, la défense contre les dommages tissulaires et la fonction thyroïdienne. Ainsi, chez les patients les plus vulnérables ou gravement malades, l'amélioration du statut en sélénium pourrait contribuer à prévenir et à réduire les dommages tissulaires et l'infection. Cette revue de la littérature présentée dans la Cochrane Library révèle, chez ces patients fragiles, l’efficacité du sélénite de sodium sur la réduction du risque de décès.
Les maladies graves et la grande fragilité sont caractérisées par une hyper-inflammation, un dysfonctionnement immunitaire cellulaire, un stress oxydatif et un dysfonctionnement mitochondrial. Le stress oxydatif reflète un déséquilibre entre les espèces réactives de l'oxygène (ROS), mieux connues sous le nom de radicaux libres, et la capacité de l'organisme à contrer leurs effets nocifs en les neutralisant par des antioxydants. Le sélénium est un oligo-élément essentiel à cette neutralisation. Les preuves suggèrent que le stress oxydatif excessif joue un rôle important dans le développement de complications de maladies graves, telles que la réponse inflammatoire systémique qui conduit au syndrome de détresse respiratoire aiguë et à l'insuffisance systémique. Le sélénium semble jouer un rôle pivot dans cette fonction. Ici, les experts rappellent une étude montrant qu’une supplémentation en antioxydants avec de la vitamine C, de la vitamine E et du sélénium chez des patients ayant subi un traumatisme grave est associée à une réduction du nombre d'infections et de dysfonctionnement des organes, vs placebo.
Pourquoi le sélénium joue un rôle clé dans l’immunité : les protéines contenant du sélénium comprennent des enzymes antioxydantes (glutathion peroxydases et thiorédoxines réductases) essentielles à l'élimination des espèces réactives de l'oxygène. Les ROS endommagent les protéines, les polysaccharides, les acides nucléiques et les acides gras polyinsaturés, ce qui peut aller jusqu’à entraîner la mort cellulaire. La carence en sélénium altère la réponse immunitaire et sa supplémentation semble améliorer la réponse immunitaire. Le sélénium est donc un minéral essentiel à la santé au rôle important dans la défense contre les maladies. Pourtant son apport par voie alimentaire chez les personnes vivant dans la plupart des régions d'Europe reste insuffisant, a fortiori en cas de régime alimentaire déséquilibré, en cas de maladie chronique et/ou de dysfonctionnement gastro-intestinal.
Le sélénium au cœur d’une stratégie antioxydante : au cours des 20 dernières années, plusieurs essais cliniques ont évalué le rôle des micronutriments antioxydants en monothérapie ou en thérapie combinée chez des patients gravement malades. En particulier, le rôle de l'Ebselen, un composé organique contenant du sélénium qui semble agir comme un agoniste de l’enzyme antioxydante glutathion peroxydase. Plusieurs revues systématiques rapportent ainsi une réduction du risque de mortalité suite à la supplémentation en sélénium ou avec l’Ebselen. Les chercheurs de Cochrane ont évalué les effets de la supplémentation en sélénium chez les adultes se remettant d'une maladie grave et vérifié l'impact d'une telle stratégie sur le taux d'infections et d'autres comorbidités chez ces patients pendant leur hospitalisation. Leur analyse identifie ainsi 13 essais concluant à un effet statistiquement significatif de réduction du risque de décès. De plus, la supplémentation en sélénium ou l'Ebselen ne semble pas entraîner de hausse d’incidence des événements indésirables.
Certes ce n’est pas le cas de toutes les études passées en revue, dont certaines concluent à l’absence de différence, avec et sans "sélénium". De même, l’analyse n’identifie chez ces patients gravement malades aucun effet sur le risque d’infections ou de comorbidités, ni même sur le risque de décès en soins intensifs.
Ainsi, si la conclusion reste statistiquement significative et globalement positive sur la réduction du risque de mortalité, les auteurs appellent à des essais supplémentaires pour préciser le rôle du sélénium en cas de grande vulnérabilité.
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