SOINS d’INCONTINENCE : Aider c’est déjà traiter
Parmi les priorités de l'aidant, face à un proche qui développe une incontinence, les stratégies conservatrices, car elles vont permettre de préserver la capacité de continence de la personne, avec la plus grande efficacité possible dans le temps. Car qui dit continence, même partielle, dit préservation d’une expression de l’autonomie et du contrôle de soi, d’une certaine mobilité, de l’estime de soi et de la qualité de vie. Au fil des études, les bonnes pratiques prônent aujourd’hui les mesures conservatrices, avant tout recours aux options palliatives et curatives.
Cependant, pour de nombreuses interventions, les preuves d'efficacité font encore défaut.
La gestion conservatrice de l'incontinence est définie comme « toute thérapie qui n'implique pas d'intervention pharmacologique ou chirurgicale ». Font partie de ces options, les thérapies comportementales et la mise en œuvre de mesures d’éducation du patient (ETP) lui permettant de mieux contrôler la miction. De telles mesures bénéficient aujourd’hui d’une application élargie dans les groupes de personnes ou patients, âgés et/ou fragiles, en établissement de soins ou à domicile. Les conditions d’une telle gestion conservatrice de l'incontinence restent sa faisabilité et son observance, par l’aidant comme par la personne aidée.
Les principales interventions conservatives comprennent :
- des thérapies physiques comme :
- les exercices musculaires du plancher pelvien,
- le biofeedback (ou rétroaction biologique),
- la rééducation du plancher pelvien à l'aide de cônes vaginaux,
- l’utilisation d’un pessaire pour maintenir les organes pelviens (vessie, rectum, utérus) ;
- l’éducation thérapeutique du patient (ETP);
- les changements de mode de vie, dont :
- la planification des mictions,
- le contrôle des apports en boissons,
- la perte de poids, chez les personnes souffrant d’obésité ;
- les médecines alternatives dont :
- le yoga,
- l’acupuncture...
Les thérapies physiques oui, mais pas adaptées à tous les patients : une large revue de la littérature publiée sur le sujet a évalué l’efficacité des différentes interventions conservatrices et a mis principalement en exergue les bénéfices des thérapies physiques de rééducation périnéale et pelvienne. L’éducation thérapeutique et la surveillance d’un professionnel de santé, permettent une meilleure observance du patient de ces thérapies conservatrices physiques.
Et les thérapies comportementales ? En dépit de leurs preuves d’efficacité, les exercices musculaires ne sont ni adaptés, ni praticables, ni durablement observables par de nombreux patients, dont les personnes plus âgées. Si des interventions comportementales restent possibles, peu d'entre elles ont recueilli les preuves de leur efficacité :
- chez les personnes souffrant d'obésité morbide et modérée, la perte de poids fait exception, et se confirme utile pour réduire la prévalence de l'incontinence urinaire;
- d'autres interventions restent problématiques à mettre en œuvre pour près de 60 % des aidants : la plupart sont mal « tolérées » donc peu observées. C’est le cas par exemple, de la tenue d’un journal des mictions ou du suivi d’horaires préétablis pour aller aux toilettes.
Les données de la littérature trouvent ici leurs limites en suggérant qu’un programme conservateur doit être personnalisé en fonction de chaque patient. Ainsi l’accent, chez les personnes plus âgées reste mis en pratique sur des interventions comportementales combinées à une éducation du patient et à des aménagements du domicile.
Alors, en pratique ? Les interventions comportementales les plus courantes comprennent le fléchage ou un accès facilité aux toilettes, la tenue d’un calendrier mictionnel, la gestion des apports de fluides, l’opportunité d’un lever tardif et d’une miction dans la soirée afin d’éviter le port d’une protection la nuit, la pose d'un verticalisateur ou d’un réhausseur sur les toilettes. Un siège de bain ou de douche peut permettre pendant longtemps une hygiène autonome et optimale, et éviter au maximum la macération et la survenue de lésions cutanées.
L’éducation du patient incontinent reste peu pratiquée. Face à l'incontinence, l'ETP reste complexe devant prendre en compte les représentations, les motivations, les fonctions cognitives, mais aussi l'entourage, l'environnement et les moyens financiers de la personne : il s’agit en effet d’identifier les ressources et les freins à l’acquisition de compétences par rapport à ces troubles fonctionnels intimes. Il s’agit aussi de permettre à la personne aidée de conserver, autant que possible, sa la capacité de contrôler sa pathologie et ses symptômes, de mobiliser ses ressources "pour vivre mieux". L’objectif est donc d’éveiller une démarche consciente et dynamique sur un aspect fonctionnel intime,
pour rendre le patient à nouveau acteur de sa continence.
En fin de compte, en matière de prise en charge de l’incontinence, les aidants naturels ont peut-être précédé « la science ». Les mesures empiriques si largement partagées par une grande majorité semblent démontrer implicitement leur efficacité. Cependant, il existe encore peu de preuves confirmant que telle ou telle mesure pourrait être plus bénéfique.
L’objectif reste cependant le même : préserver la continence au maximum et retarder le plus possible le recours aux traitements palliatifs voire curatifs. Cette prise en charge proactive permet parfois de se dispenser très longtemps de protections. Ensuite, il existe aujourd’hui toute une gamme de protections, adaptées au degré d’incontinence, à la fréquence et à l’importance des fuites. En combinaison avec ces mesures conservatives, les protections contribuent également et le moment venu, à préserver la qualité de vie de la personne incontinente.
Toute une variété d'interventions et toute une gamme de dispositifs existent, pour préserver la continence et palier à l’incontinence. Cependant, de nouveaux essais cliniques doivent encore être menés pour pouvoir guider et optimiser, à partir de preuves, sa prévention et sa gestion chez les personnes âgées fragiles vivant à domicile.