SOINS de PROXIMITÉ : Relever le défi des schémas thérapeutiques complexes
Avec le vieillissement des populations, le développement de l’ambulatoire, des réseaux et maisons de santé…les professionnels des soins à domicile (SAD) doivent aujourd’hui faire face à de nouveaux défis, en particulier, ceux associés aux schémas thérapeutiques complexes. Cette équipe de la New York University identifie les lacunes et les possibilités de coordination de la gestion des médicaments entre les différents professionnels de santé qui suivent le patient à domicile. L’étude rappelle notamment que les problèmes de communication entre les différents professionnels et les prestataires de santé peuvent fortement contribuer aux erreurs de gestion des traitements médicamenteux chez les personnes âgées. Un constat, présenté dans la revue Medical Care Research and Review, qui appelle à une gestion des médicaments coordonnée par un référent des soins à domicile, l’infirmière par exemple, pour améliorer la sécurité des traitements et réduire le risque d'hospitalisation ou de réadmission chez ces patients âgés.
Les personnes âgées sont plus susceptibles de prendre plusieurs voire de nombreux médicaments, ce qui implique des schémas thérapeutiques complexes. La complexité de ces schémas dépend du nombre de médicaments, de la posologie et de la fréquence de prise de ces médicaments, ainsi que de toute instruction particulière relative à leur prise. La complexité accrue des médicaments et des traitements peut aussi nuire à la capacité des patients à suivre les directives thérapeutiques et augmenter leur risque d'hospitalisation, de réadmission et/ou d'événements indésirables.
Les prestataires de santé et les professionnels de santé à domicile ou en MSP dispensent aux patients des soins centrés sur la personne, souvent par l’intermédiaire ou en collaboration avec des équipes pluridisciplinaires d’infirmières, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes, d’orthophonistes, d’aides-soignants à domicile …Parmi les services couverts par les prestataires, peut figurer la gestion des médicaments. Les chercheurs ont interrogé 77 professionnels du SAD, notamment des infirmières libérales et des sages-femmes, des travailleurs sociaux, des étudiants en travail social, des pharmaciens et des étudiants en pharmacie.
2 thèmes clés : leur enquête identifie 2 thèmes clés,
- un « système de soins fragmenté »,
- des « patients en situation de vulnérabilité », avec leurs propres facteurs de risque intrinsèques, mais sous l’emprise de risques externes, liés aux prestataires et aux professionnels de santé et au système, en particulier en cas de problèmes de communication et de coordination.
« Un système de soins fragmenté » s’entend comme fragmenté par des carences de communication entre les prestataires de santé à domicile et les professionnels du soin de proximité, et les patients eux-mêmes. Les informations sont fragmentées entre facteurs liés au patient (ex : manque de confiance du patient envers les prestataires et/ou les professionnels), facteurs liés au prestataire (ex : communication insuffisante des prestataires vis-à-vis des autres professionnels de SAD ou de ville) et facteurs liés au système de santé et à ses contraintes (ex : manque de temps des professionnels avec les patients, dossiers médicaux électroniques non accessibles par tous les prestataires). Ces problèmes de communication induisent autant de risques d'erreurs médicamenteuses.
« Des patients en situation de vulnérabilité » s’entend comme des patients souvent et de plus en plus âgés, bénéficiant de soins à domicile, à risque élevé de maladies et de décès, complexes à suivre sur le plan médical et souvent polymédiqués, et vivant seuls pour la plupart. Ces risques sont décrits comme une interaction complexe de facteurs propres au patient (solitude, barrières linguistiques, cognitives et/ou financières), de facteurs au niveau du prestataire ou des professionnels de santé venant à domicile (absence d'instructions claires sur la prise des différents médicaments) et des facteurs au niveau du système (roulement entre professionnels, manque de ressources). Tous ces facteurs sont décrits comme affectant la prise des traitements en toute sécurité.
Les erreurs médicamenteuses les plus fréquemment observées : L'erreur la plus souvent signalée est la prise du « mauvais » médicament (54,5%), la prise d’une dose erronée (31,8%) et la prise du médicament au mauvais moment (13,6%).
Les problèmes de communication entre prestataires, professionnels et patients sont toujours au centre de ces erreurs de prise des médicaments et seule une bonne coordination des professionnels et prestataires au chevet du patient pourrait permettre de relever ce défi de la complexité des traitements. Les chercheurs suggèrent qu’un référent du soin à domicile ou un prestataire assure et centralise la gestion des médicaments pour améliorer la sécurité des traitements chez les personnes âgées.
L’idée clairement émise serait de permettre aux infirmières de soins à domicile de coordonner les médicaments en liaison avec les médecins pour réduire cette « fragmentation » et améliorer la coordination des soins.
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