SOINS PRIMAIRES : Quelle place pour l’examen physique dans la médecine d’aujourd’hui ?
La technologie a gagné du terrain en médecine et en soins primaires en particulier en termes de diagnostic. Certains patients mettent aujourd’hui en doute l'exactitude diagnostique des examens physiques, fortement liée à l’expérience du praticien. Ces chercheurs médecins prennent le relais et se posent la question : quelle place occupe ou devrait occuper la pratique de l'examen physique dans la pratique clinique d'aujourd'hui ? Ils réévaluent son utilité, dans les Annals of Family Medicine, à partir des expériences de 16 médecins généralistes.
Il s’agit donc bien d’une étude qualitative menée par entretiens approfondis avec ces 16 médecins de famille sur leurs expériences de l’examen physique des patients. Ces médecins ont été sélectionnés de manière à être les plus représentatifs possibles des différents types, ancienneté et lieux d’exercice. Les chercheurs ont enregistré les entretiens, les ont transcrits de manière à mieux pouvoir identifier les thèmes majeurs abordés par ces praticiens. Les chercheurs de l’équipe ont opté pour une approche critique, chaque membre de l’équipe pouvant remettre en cause les interprétations des autres chercheurs, de manière à aboutir à la synthèse la plus objective possible.
En pratique « familiale », l’examen physique contribue aux soins centrés sur la relation
Les principales facettes de l'examen physique telles que décrites par les médecins interrogés sont :
- établir des diagnostics,
- estimer les pronostics de manière rationnelle et objective;
- réagir subjectivement et intuitivement aux symptômes et aux maladies des patients,
- développer une relation médecin-patient de nature à pouvoir mettre en œuvre au mieux les soins médicaux nécessaires ; il ressort notamment sur ce point l’importance pour le médecin généraliste d’utiliser son propre corps pour mieux identifier et évaluer la maladie des patients.
- Enfin, pour l’ensemble des médecins interrogés, la pratique de l’examen médical reste aujourd’hui partie intégrante du métier de médecin de famille et de l’exercice médical, en particulier parce que cet examen favorise la relation et développe la confiance.
Le généraliste, toujours un peu « un guérisseur » ? Il ressort sans surprise de cette étude qualitative que l'examen physique fait plus que jamais partie de l'identité des médecins « de famille ». Pour cause, s’il contribue à l’évidence au diagnostic, à la décision thérapeutique, c’est également une précieuse fenêtre de développement de la relation médecin-patient, indispensable à la confiance du patient, à son observance, mais aussi à la réussite du traitement et à l’amélioration des résultats de santé. Guidée par les principes de la phénoménologie, qui tient compte de la manière dont les êtres humains vivent un certain phénomène ou une certaine situation, - en l'occurrence ici l'examen physique -, la recherche révèle, au-delà des données de diagnostic obtenues lors de cet examen, tout le bénéfice empathique de "l'imposition des mains". On pourrait presque dire que « le médecin reste un peu un guérisseur ».
À une époque où la pratique clinique contemporaine est caractérisée par l’afflux de technologies de diagnostic émergentes, la grande majorité des médecins considère plus que jamais l’examen physique comme un élément fondamental et central de l’art de la médecine familiale.
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