Stratégie Nationale e-SANTÉ 2020: Réinventer le suivi médical
Présentée le 4 juillet par Marisol Touraine, Ministre de la Santé et des Affaires Sociales, la Stratégie Nationale e-santé 2020 s'articule autour de quatre grands axes : le développement de la médecine connectée, l'encouragement de la co-innovation entre professionnels de santé, citoyens et acteurs économiques, la simplification des démarches administratives des patients et, enfin, le renforcement de la sécurité des systèmes d'information en santé. Des ambitions saluées dès le lendemain dans un communiqué par l'Alliance eHealth France qui souhaite une mise en place rapide mais s'interroge toutefois sur les modalités concrètes d'application et formule quatre vœux très opérationnels. Décryptage.
Les mesures présentées s'inscrivent dans la continuité des actions menées depuis 2012 telles que le programme Hôpital Numérique, le plan 'Territoires de Soins Numériques' (TSN), la relance du Dossier Médical Partagé (DMP), ou encore les expérimentations de télémédecine. La Ministre avait par ailleurs annoncé en mai dernier un investissement de deux milliards d'euros en partie consacré au numérique et aux systèmes d'information sur les territoires. Autant de projets faisant appel aux nouvelles technologies qui, certes, bouleversent les pratiques, mais apportent des solutions pour relever les défis en matière de santé. L'idée est de capitaliser sur l'informatique déjà bien installé dans les cabinets médicaux et les établissements pour faire émerger des bonnes pratiques. Et d'aller plus loin grâce à l'innovation.
Mettre le citoyen au cœur de l'e-santé
La stratégie e-santé ambitionne de faire des patients de véritables acteurs de leur santé. Grâce au numérique, elle souhaite répondre aux besoins qu'ils expriment (avoir des compléments d'information après une consultation ou une hospitalisation, mieux comprendre un diagnostic ou encore, être aidés dans le suivi d'un traitement nouveau), faciliter l'accès aux soins avec la télémédecine, élargir l'accès aux spécialistes avec la télé-expertise, simplifier les démarches administratives (prise de RDV, préparation d'une hospitalisation ou du retour à domicile), optimiser la communication entre le patient et les professionnels de santé concernés par sa prise en charge et faciliter l'accès du patient à ses données médicales. Est également prévu le suivi par le patient de ses indicateurs de santé, grâce à des programmes d'éducation thérapeutique et aux objets connectés, avec deux programmes phares : un plan de télésurveillance de grande ampleur et la création d'un label pour les objets connectés. Enfin, les associations seront mises à contribution pour favoriser l'usage du numérique par les patients.
Soutenir l'innovation par les professionnels de santé
Soulignant le lien entre l'informatisation des processus de soins et leur qualité et sécurité. la stratégie e-santé souhaite soutenir l'innovation pour aller plus loin en la matière : réinventer le suivi médical avec des solutions numériques et développer les systèmes d'aide à la décision médicale (SADM) qui permettent de suivre les recommandations de la HAS et des sociétés savantes, Un travail est par ailleurs lancé avec les facultés de médecine pour instaurer l'indispensable formation des professionnels de santé aux nouvelles technologies (aux Etats-Unis, souligne la Ministre, l'informatique clinique est une spécialité à part entière). Les initiatives de professionnels de santé s'engageant dans l'évaluation des objets connectés seront également soutenues. Enfin, la stratégie met l'accent sur le développement des systèmes d'information et le codage des informations nécessaire à une exploitation optimisée des bases de connaissances.
Simplifier le cadre d'action pour les acteurs économiques
Pour s'adapter au numérique, marché d'innovation à cycle court, la stratégie e-santé 2020 prévoit des mesures visant à simplifier et accélérer les processus : une gouvernance plus lisible et ouverte de l'e-santé, des rôles clairement répartis, notamment entre le national et le régional sur les attributions de financements, une adaptation de l'organisation interne du Ministère. Les priorités sont également clarifiées : déploiement des outils d'aide à la coordination des soins (DMP, MSS), puis services nécessaires au déploiement de la télémédecine. Les autres projets devront prouver leur utilité pour obtenir des financements et l'évaluation des expérimentations sera quant à elle renforcée, avant toute décision de généralisation. Plus globalement, la puissance publique prendra en charge les grands programmes collectifs et aides ponctuelles, alors que les autres projets seront sur des modèles économiques mixtes. Enfin, l'accent est mis sur l'importance de la sécurisation et de la modernisation des systèmes d'information.
L'Alliance eHealth France réclame une approche opérationnelle
"Il faut désormais passer à la vitesse supérieure", titre le communiqué de l'Alliance eHealth France publié au lendemain de la présentation de la Stratégie Nationale e-Santé 2020. L'Alliance, qui regroupe les entreprises de la e-santé, souhaite accélérer le mouvement tout en s'interrogeant sur l'application concrète face aux enjeux : rendre les bénéfices de l'e-santé accessibles aux 66 millions de français, et regagner une avance perdue sur la scène internationale. Une demande de clarification sur des points essentiels est également exprimée : pilotage de cette stratégie, coordination entre les acteurs, modèle économique et rayonnement des projets à l'international. Conformément à ses premières propositions, l'Alliance estime prioritaire le développement des usages et, pour que la révolution numérique soit enfin opérationnelle, appelle à l'installation rapide du Conseil Stratégique annoncé par la Ministre, à l'accélération de l'adaptation du cadre organisationnel et administratif, à l'association des entreprises aux travaux visant à l'installation d'un cadre pérenne pour la prise en charge des solutions d'e-santé, à un appui fort des pouvoirs publics à l'export des entreprises françaises.
Une puissance publique volontaire affichant ses propres exigences d'évolution interne, un consensus sur le potentiel du numérique pour la santé et l'économie, des ambitions partagées, la Stratégie Nationale e-santé 2020 reste désormais à mettre en œuvre. Les chantiers sont nombreux et d'envergure, ils concernent l'ensemble des acteurs du système de santé : pouvoirs publics et institutions, entreprises privées, patients et citoyens et, bien évidemment, professionnels de santé à double titre : co-constructeurs et usagers au quotidien de la santé numérique !
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