SUICIDE : Mais quand les pensées suicidaires sont-elles les plus fortes ?
« Pourquoi ce pic de suicides à la pleine lune ? », s’était déjà interrogé une équipe de psychiatres de l'Université de l'Indiana. Cette équipe de l’Université de Nottingham s’est, elle-aussi, donné l’objectif d’identifier le moment de l'année et l'heure où les pensées suicidaires sont les plus fortes, chez les personnes atteintes de dépression : et il existe bien un moment où ces pensées suicidaires culminent au cours de l'année, ainsi qu’une heure de la journée plus « favorable » à ces pensées, selon ces conclusions, publiées dans la revue Nature Translational Psychiatry.
Car la recherche identifie le mois où les pensées suicidaires les plus fortes, soit quelques mois avant le pic de comportements suicidaires au printemps/début de l'été. Alors que la plupart des gens supposent que les taux de suicide seront les plus élevés en hiver, le printemps/début de l'été est le moment où les comportements suicidaires culminent. Par ailleurs, le pic de pensées suicidaires, au cours de la journée, est également situé entre 4 et 5 heures du matin.
Au printemps, l'humeur s'améliore pourtant les comportements suicidaires augmentent
L’étude menée par l’équipe de psychologues de l'Université de Nottingham, avec des collègues de l'Université d'Amsterdam et de l'Université de Harvard a analysé, sur 6 ans, les réponses recueillies auprès de plus de 10.000 participants au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada qui ont renseigné leurs humeurs, leurs pensées sur le suicide et l'automutilation par questionnaire, dans le cadre du programme de recherche à Implicit Health Database (PIH).
Les participants appartenaient à 3 groupes :
- des patients ayant déjà tenté de se suicider ;
- des patients ayant exprimé des pensées suicidaires et/ou d’automutilation ;
- des témoins exempts d’antécédents de pensées ou de comportements suicidaires ou d'automutilation.
Cognition implicite et explicite : ici, les chercheurs ont développé des tâches en ligne afin de pouvoir évaluer la dynamique au fil du temps des pensées d'automutilation explicites et implicites. La cognition explicite ou consciente était évaluée à l’aide de questions directes sur l'humeur, le suicide et l'automutilation à l'aide d'une échelle standard de 1 à 5. La cognition implicite à l’aide d’une tâche mesurant le temps de réaction en temps réel du participant, face à des mots « de mort et de vie ».
L’analyse révèle ainsi que :
- les pensées suicidaires sont, en fait, plus élevées en hiver (décembre) ;
- le comportement suicidaire prend quelques mois pour atteindre ce «point de basculement» vers la tentative (TS) ;
- les heures de 4h à 6h du matin sont celles où les personnes concernées par de telles pensées sont les plus susceptibles de se suicider ;
- une augmentation générale des pensées d'automutilation est également relevée au cours des 6 années de la période d'étude.
Pris ensemble, ces résultats montrent une latence entre le pic de cognition suicidaire explicite et implicite en hiver et le pic de tentatives de suicide et de décès par suicide au printemps. La cognition suicidaire explicite qui culmine en décembre précède ainsi les associations implicites d'automutilation, qui culminent en février. Ces 2 pics précèdent le pic des comportements suicidaires au printemps ou au début de l'été. Des effets décalés similaires ont été observés sur une période de 24 heures, avec une cognition et une humeur suicidaires explicites culminant à 4-5 heures du matin et une cognition implicite en retard sur ce pic.
L’auteur principal, le Dr Brian O'Shea de l'Université de Nottingham explique ces résultats : « l'hiver est le moment où les personnes souffrant de problèmes de santé mentale luttent contre l'aggravation de l'humeur et la dépression, ces troubles affectifs saisonniers étant liés au changement de saison qui affecte la santé mentale de nombreuses personnes. Il peut donc sembler surprenant que le printemps, une période où l'on suppose que l'humeur s'améliore, soit en fait la période de l'année où les gens risquent le plus de se suicider. Les raisons en sont complexes, mais la recherche montre que les pensées suicidaires sont les pires en décembre et les plus limitées en juin.
Entre ces 2 points, il existe un risque accru de comportement suicidaire.
Nous faisons l’hypothèse que l'amélioration graduelle de l’humeur et de l’énergie permet à certaines personnes de planifier et de s'engager dans le comportement et la tentative de suicide ».
En pratique, l’étude, la première à examiner si précisément les tendances de l'humeur et des pensées suicidaires et d'automutilation au fil du temps, identifie les moments où l'intervention pourrait être la plus bénéfique.
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