Syndrome de FATIGUE CHRONIQUE : Des coupures d'énergie dans les cellules immunitaires ?
Le syndrome de fatigue chronique (SFC) qui affecte 17 millions de personnes dans le monde reste complexe à diagnostiquer et ne dispose d’aucun traitement efficace. Globalement, le syndrome reste mal compris. Alors que de précédentes études ont suggéré un épuisement neuro-immunitaire, cette nouvelle recherche, soutenue par les National Institutes of Health (NIH) confirme la présence de changements immunologiques : ces travaux, à paraître dans le Journal of Clinical Investigation suggèrent en effet que des cellules T immunitaires des patients atteints de SFC présentent des anomalies de production d’énergie. La recherche apporte ainsi des preuves supplémentaires de l’implication du système immunitaire dans le développement de la maladie.
Le syndrome de fatigue chronique (SFC) ou encéphalomyélite myalgique (EM) est une maladie grave, chronique, de longue durée et débilitante qui peut provoquer toute une gamme de symptômes dont une fatigue persistante, des douleurs, un épuisement voire un malaise après l’effort et des troubles cognitifs. Le SFC affecte 17 millions de personnes dans le monde, et entre 800.000 et 2,5 millions de personnes aux États-Unis, lieu de l’étude. Ses causes restent aujourd'hui encore largement inconnues, son diagnostic complexe, et il n'existe pas de traitement concluant. Le SFC est pourtant responsable de symptômes handicapants, comme une fatigue sévère et persistante, une faiblesse musculaire, des douleurs et des troubles de la mémoire et du sommeil. Si certaines études ont récemment évoqué un épuisement neuro-immunitaire, le SFC dispose de peu de marqueurs diagnostiques, hormis des anomalies cérébrales et ces signatures immunitaires spécifiques. C'est pourquoi certains patients peuvent rester atteints des années avant d'obtenir le bon diagnostic.
Des baisses d’énergie dans les cellules immunitaires ?
Les chercheurs ont examiné les réactions biochimiques impliquées dans la production d'énergie, ou métabolisme, dans 2 types de cellules immunitaires, provenant de 45 témoins en bonne santé et 53 patients atteints de SFC. Les chercheurs se sont concentrés sur les cellules T CD4, qui alertent les autres cellules immunitaires en cas d’invasion de pathogènes, et sur les cellules T CD8, qui attaquent les cellules infectées. Ensuite, les chercheurs ont examiné la production d'énergie par les mitochondries -les minicentrales énergétiques - dans les cellules T, au repos et après activation. L’analyse montre que :
- la respiration mitochondriale, la principale méthode de production d'énergie de la cellule, est similaire entre les cellules saines et les cellules de patients atteints ;
- la taille et la fonction mitochondriale des cellules CD4 sont similaires chez les témoins sains et les patients atteints ;
- la membrane des cellules CD8 semble réduite chez les patients atteints ;
- la glycolyse, une méthode moins efficace de production d'énergie, semble perturbée dans les cellules CD4 et CD8 de personnes atteintes de SFC ;
- le métabolisme des lymphocytes T suit des schémas différents selon les groupes de participants, suggérant des changements dans le système immunitaire avec la maladie ;
- la présence de cytokines qui provoquent une inflammation est corrélée avec la diminution du métabolisme dans les cellules T des patients atteints.
Ces résultats, complexes, permettent de confirmer l’implication du système immunitaire et de faire avancer la recherche sur la maladie. Les auteurs espèrent qu’au-delà de ces avancées immunologiques précieuses, ces travaux vont inspirer plus de chercheurs à travailler sur une maladie qui touche des millions de personnes et reste, en dépit de sa reconnaissance officielle, une condition mystérieuse, sans remède et sans cause connue.