Syndrome de FATIGUE CHRONIQUE : Et si c'était le microbiome ?
« Il est dans l’intestin ! », avait déjà suggéré cette étude de de l'Université Cornell. En identifiant des niveaux anormaux de bactéries intestinales spécifiques chez les personnes atteintes de fatigue chronique (ou encéphalomyélite myalgique), ces chercheurs de l'Université de Columbia, confirme ce lien entre le déséquilibre du microbiome et le syndrome de fatigue chronique. De nouvelles données présentées dans la revue Microbiome, qui documentent aussi cette communication bidirectionnelle entre le cerveau et l'intestin médiée par les bactéries et leurs métabolites.
Le syndrome de fatigue chronique (SFC) ou encéphalomyélite myalgique est une affection de longue durée qui provoque une fatigue persistante et handicapante. Le SFC affecte 17 millions de personnes dans le monde, ses causes restent aujourd'hui encore largement inconnues, son diagnostic complexe, et il n'existe pas de traitement concluant. Le SFC est pourtant responsable de symptômes handicapants, comme une fatigue sévère et persistante, une faiblesse musculaire, des douleurs et des troubles de la mémoire et du sommeil. Si certaines études ont récemment évoqué un « épuisement neuro-immunitaire , le SFC dispose de peu de marqueurs diagnostiques, hormis des anomalies cérébrales et ces signatures immunitaires spécifiques. C'est pourquoi certains patients peuvent rester atteints des années sans soins, avant d'obtenir le bon diagnostic.
L'étude de l'Université Cornell, publiée également dans la revue Microbiome, a déjà montré que la diversité des types de bactéries du microbiote intestinal est considérablement réduite chez les patients atteints de SFC, une observation décrite comme similaire à celle obtenue chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn ou de colite ulcéreuse. Ces travaux ont ainsi déjà suggéré que le microbiome intestinal chez les patients atteints du syndrome de fatigue chronique n'est pas « normal », ce qui contribue d'ailleurs à expliquer les liens complexes entre SFC, fibromyalgie, syndrome du côlon irritable, maladie de Crohn, voire maladie coeliaque.
Ici, les scientifiques du Centre d'Infection et d'Immunité de l'École de santé publique de Mailman de l'Université de Columbia confirment ces niveaux anormaux de bactéries intestinales spécifiques liées au syndrome de fatigue chronique. Les chercheurs ont suivi 50 patients atteints et 50 témoins sains appariés. Ils ont analysé les espèces bactériennes présentes dans les échantillons de matières fécales et les molécules immunitaires présentes dans les échantillons de sang. Leur analyse montre :
-des niveaux d'espèces bactériennes intestinales (Faecalibacterium, Roseburia, Dorea, Coprococcus, Clostridium, Ruminococcus, Coprobacillus) fortement associés au SFC; Leurs niveaux combinés apparaissent prédictifs du diagnostic ;
-des niveaux accrus d'Alistipes (phylum Bacteroidetes) et la diminution des niveaux de Faecalibacterium s'avèrent les principaux biomarqueurs du SFC et du syndrome du côlon irritable ; l'augmentation des niveaux de Bacteroides non classifiés et la diminution de Bacteroides vulgatus s'avèrent les principaux biomarqueurs du SFC sans IBS ;
-l'analyse des voies métaboliques bactériennes associées à des perturbations dans les bactéries intestinales révèle des spécificités bactériennes entre ces différents sous-groupes ;
-dans le sous-groupe SFC, la sévérité des symptômes, dont la douleur et la fatigue, est liée à l'abondance de types bactériens distincts et de voies métaboliques spécifiques ;
-en revanche, aucun changement n'est détecté dans les marqueurs immunitaires, mais, soulignent les auteurs, ces changements sont très difficilement détectables sur une courte période de suivi.
Le SFC caractérisé par un modèle distinct de microbiome intestinal : ainsi, l'étude confirme l'association entre le syndrome de fatigue chronique et un modèle distinct de microbiome intestinal. Une confirmation qui suggère d'avancer sur le diagnostic via le microbiote fécal qui peut donc fournir des indices et sur le traitement de ces patients via leur microbiome. Car, tout comme le syndrome du côlon irritable, le syndrome de fatigue chronique semble s'expliquer par « une panne » dans la communication bidirectionnelle entre le cerveau et l'intestin médiatisé par les bactéries.
Cause ou conséquence ? La question subsiste et il reste à vérifier qu'une intervention, via des probiotiques par exemple pourrait parvenir à réduire efficacement les symptômes du SFC.
April 2017 doi:10.1186/s40168-017-0261-y Fecal metagenomic profiles in subgroups of patients with myalgic encephalomyelitis/chronic fatigue syndrome
Plus d'études sur le Syndrome de fatigue chronique
Retrouvez le blog thématique de Santé log : Microbiote blog
Autres actualités sur le même thème
L’ALLAITEMENT MATERNEL stimule les métabolites essentiels à la croissance cérébrale
Actualité publiée il y a 5 années 5 moisVIEILLISSEMENT : Réduire la fragilité peut éviter la démence
Actualité publiée il y a 2 années 10 moisAUTISME: L'acide folinique pour mieux communiquer
Actualité publiée il y a 8 années 1 moisAPPRENTISSAGE : Faire des pauses permet une meilleure maîtrise
Actualité publiée il y a 5 années 2 mois