SYNDROME des JAMBES SANS REPOS : Et s’il était inscrit dans les gènes ?
On estime qu’une personne sur 10 connaitra le syndrome des jambes sans repos au cours de sa vie et que chez un patient touché sur 50, la condition sera douloureuse au point de nécessiter un traitement médicamenteux au long cours. Cette étude menée à l’Université de Cambridge révèle le poids de l’héritabilité, en identifiant pour la première fois 13 nouvelles variantes génétiques de susceptibilité. De nouvelles données présentées dans le Lancet Neurology, qui ouvrent de nouvelles options thérapeutiques pour la maladie.
Une personne d'ascendance européenne sur 10 connaîtra cette envie de bouger, souvent en conjonction avec des sensations désagréables, généralement dans les jambes. Le repos et l'inactivité provoquent les symptômes, alors que le mouvement peut conduire à un soulagement temporaire. La maladie est chronique et peut s'aggraver progressivement, avec des effets durables sur la santé mentale et physique des patients. Les personnes atteintes du syndrome des jambes sans repos ont une durée de sommeil et une qualité de vie réduite ainsi qu’un risque accru de dépression, de troubles anxieux, d'hypertension et, dans certains cas de maladies cardiovasculaires. Malgré une prévalence d'environ 10% chez les personnes âgées, la physiopathologie du syndrome des jambes sans repos reste mal comprise.
Une forte composante génétique : de précédentes recherches ont tenté d’identifier et d’évaluer le poids des facteurs génétiques sous-jacents cependant ces études se sont généralement heurtées à l'hétérogénéité génétique des patients atteints mais aussi à la variabilité des symptômes du syndrome. Ces études ont cependant identifié 6 loci de risque mais qui n'expliquent qu'une petite partie de la contribution génétique. D’autres études portant sur des familles et des jumeaux montrent cependant qu'il existe une forte composante génétique. Cette équipe de l'Institut de neuro-génomique du Helmholtz Zentrum München, étudie la maladie depuis plus de 10 ans. Les chercheurs comparent ici les données génétiques de plus de 15.000 patients atteints vs plus de 95.000 témoins. Ils identifient ainsi 13 autres variantes de risque génétique. Enfin, ils parviennent à reproduire leurs résultats sur un autre échantillon de 31.000 patients et 287.000 témoins.
Les variantes identifiées associées au système nerveux : plusieurs des variantes génétiques identifiées ont en effet déjà été liées à la croissance et au développement des cellules nerveuses ou neurogenèse ou à des changements dans la formation des réseaux neuronaux. Ces résultats renforcent l’idée que le syndrome des jambes sans repos est une condition liée au développement du système nerveux.
Des indices pour mieux traiter : ces découvertes génétiques constituent une étape importante vers le développement de nouvelles options thérapeutiques car elles désignent une voie biologique particulière déjà connue, et pouvant être ciblée par le médicament thalidomide. Si on se souvient que le médicament, utilisé durant les années 1950 et 1960 comme sédatif et anti-nauséeux, avait entrainé chez les femmes enceintes de graves anomalies congénitales chez leurs enfants, il est maintenant utilisé pour traiter certains cancers. Les chercheurs suggèrent que la thalidomide ou des médicaments similaires pourraient ouvrir de nouvelles options thérapeutiques pour les hommes notamment, souffrant d'un syndrome des jambes sans repos et les patientes au-delà de l'âge de procréer. Bien évidemment, sous réserve de tests cliniques rigoureux portant non seulement sur l'efficacité et les effets secondaires du médicament.
L’étude conclut donc à un lien génétique fort, confirme une étiologie neurologique et appelle à de nouvelles recherches pour cibler les voies moléculaires en cause.
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