TRAMADOL : Et s'il augmentait le risque de fracture de la hanche ?
Certains effets indésirables de l'analgésique tramadol ont été suggérés par de précédentes études, cette recherche présentée dans le Journal of Bone and Mineral Research révèle que l’utilisation du tramadol est liée à un risque plus élevé de fractures de la hanche -par rapport à l'utilisation d'autres analgésiques. Les chercheurs appellent à revoir les lignes directrices d'usage du médicament.
Le tramadol est recommandé en première et deuxième intention pour les patients souffrant de douleur chronique non cancéreuse et sa prescription augmente rapidement. En France, c’est l’opioïde le plus consommé. Plusieurs effets indésirables sont documentés dont la constipation, la somnolence, des nausées et vomissements, des maux de tête, une confusion, la sécheresse buccale ainsi que d’autres effets sévères en cas de surdosage. Cependant, remarquent les chercheurs, le profil d'innocuité du tramadol n'est pas clair. L’étude a souhaité examiner précisément l'association du tramadol avec le risque de fracture de la hanche (un risque qui peut être associé chez les plus âgés à des risques déjà documentés du médicament).
Le risque relatif de fracture de la hanche est significativement accru avec le tramadol
L’étude a suivi des personnes âgées de 50 ans ou plus, sans antécédents de fracture de la hanche, de cancer ou de troubles liés à l'utilisation d'opioïdes, référencées dans la base de données THIN (The Health Improvement Network ). Les chercheurs ont précisément compilé les données de 5 études de cohorte appariant des participants prenant le tramadol, vs :
- codéine : nombre de participants : 146.956
- naproxène : nombre de participants : 115.109
- ibuprofène : nombre de participants : 107.438
- célécoxib : nombre de participants : 43.130
- étoricoxib : nombre de participants : 27 689.
Le résultat principal était une fracture de la hanche incidente sur 1 an.
Au cours du suivi d'1 an,
- 518 fractures de la hanche ont été recensées chez les participants prenant ou ayant pris du tramadol : soit une incidence de 3.7/1.000 années-personnes ;
- 401 fractures de la hanche ont été recensées chez les participants prenant ou ayant pris de la codéine : soit une incidence de 2,9 / 1.000 années-personnes ;
- Avec le tramadol, le risque relatif de fracture de la hanche est accru de 28% (vs codéine) ;
- ce risque de fracture de la hanche est également plus élevé avec le tramadol vs naproxène (1,7 / 1.000 années-personnes), l'ibuprofène (2,0 / 1.000 années-personnes), le célécoxib (1,8 / 1.000 années-personnes) ou le étoricoxib (1,5 / 1.000 années-personnes).
Ainsi cette très large étude de cohorte associe l’exposition au tramadol, chez les adultes âgés de 50 ans ou plus, à un risque plus élevé de fracture de la hanche que la pridse de codéine et d'AINS couramment utilisés. Les chercheurs appellent donc à revoir les lignes directrices sur l'utilisation du tramadol.
« Etant donné l'impact significatif de la fracture de la hanche sur la morbidité, la mortalité et les dépenses de santé, ces résultats soulignent la nécessité de tenir compte de ce risque accru de fracture associé au tramadol, en pratique clinique et dans les directives de traitement », conclut l’auteur correspondant, le Dr Guanghua Lei, de l’Université de Xiangya.
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