Transplantation du MICROBIOTE FÉCAL : Contre C. difficile chez les enfants aussi
La transplantation de microbiote fécal est également jugée sûre et efficace chez les enfants atteints de C. difficile, conclut cette étude américaine, la plus large jamais réalisée sur le sujet, chez des enfants à ce jour. La recherche, présentée dans la revue Clinical Gastroenterology and Hepatology, et qui identifie des prédicteurs de succès de la thérapie, ouvre également l’utilisation possible de la transplantation fécale pour les enfants atteints d'autres formes de colite, telles que les maladies inflammatoires de l'intestin (MICI).
La transplantation de microbiote fécal ou greffe de selles d'un donneur en bonne santé est aujourd’hui démontrée comme très efficace pour inverser les infections diarrhéiques sévères à Clostridiodes difficile chez l'adulte. On sait que la maladie à C. difficile est associée à un microbiote intestinal altéré, et la greffe de selles semble rétablir un équilibre normal. Mais jusqu’à cette étude on ignorait l’efficacité de la thérapie chez les enfants atteints de C. difficile. Or, les maladies diarrhéiques à C. difficile sont en augmentation chez les enfants. Une étude basée en population générale, citée par les chercheurs, a révélé une incidence multipliée par 12 entre 1991 et 2009. Enfin, sans que l’on sache identifier les causes sous-jacentes, C. difficile frappe plus souvent des enfants exempts de facteurs de risque connus, dont l’hospitalisation ou l'exposition aux antibiotiques.
Première confirmation du potentiel thérapeutique de la transplantation du microbiote chez les jeunes enfants
Les chercheurs du Boston Children's Hospital, de l'Université Vanderbilt et du Texas Children's Hospital ont mené cette étude rétrospective auprès de 372 jeunes patients atteints de C. difficile, âgés de 11 mois à 23 ans, ayant reçu une transplantation de microbiote dans l’un des 18 centres pédiatriques des États-Unis. Cette greffe a été pratiquée de différentes manières, notamment par coloscopie, sonde nasogastrique, capsules congelées ou lavements. Les résultats à deux mois étaient disponibles pour 335 patients et font apparaître :
Un taux cumulatif de succès proche de 90%
- à 2 mois, 81% n'avaient pas de récidive de l'infection à C. difficile après une greffe unique ;
- les patients avec récidive ont reçu une seconde greffe de microbiote, environ 50% n'ont vu aucune récidive de C. difficile, ce qui a porté le taux de succès global à 87% ;
- le taux de succès s’avère 2,7 fois plus élevé lorsqu’il s’agit d’une greffe de selles fraîches vs congelées,
- 2,4 fois plus élevé, lorsque la greffe de selles est effectuée par coloscopie vs autres procédures ;
- les patients sans sonde d'alimentation (un facteur de risque de C. difficile) sont 2 fois plus susceptibles de répondre positivement ;
- le taux de succès s’avère inversement associé à l’antériorité des récidives de l’infection à C. difficile ;
- l'âge ne semble pas être un facteur de réussite ou d’échec.
Un taux de réussite chez l’enfant similaire au taux constaté chez l’adulte : les taux de succès constatés chez les enfants traités dans l’étude apparaissent similaires à ceux observés chez les adultes, avec moins de complications, expliquent les auteurs. Ils ne comprennent pas encore pourquoi certaines procédures sont plus efficaces que d’autres, ce qui fera l’objet de nouvelles recherches chez les patients pédiatriques.
Un taux de sécurité très élevé : 6% des patients ont présenté des effets indésirables liés à la greffe, mais pour la plupart bénins (diarrhée, vomissements et ballonnements). Parmi le tiers des patients souffrant également d'une maladie inflammatoire de l'intestin (MICI), 2,5% ont éprouvé une poussée sévère de leur maladie nécessitant une hospitalisation. Mais cette poussée ne semble pas directement liée à la transplantation fécale.
De prochaines études longitudinales sont déjà planifiées pour évaluer l'impact à long terme et la sécurité de la transplantation du microbiome chez les enfants atteints d'autres formes de colite, telles que les maladies inflammatoires de l'intestin (MICI).
« Nous voulons exploiter le potentiel thérapeutique de la transplantation du microbiote chez les jeunes enfants et comprendre comment nous pouvons utiliser et manipuler le microbiome pour traiter d'autres maladies que C. difficile », concluent les chercheurs.
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