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TROUBLES BIPOLAIRES : Un bracelet qui traque les sautes d’humeur ?

Actualité publiée il y a 1 année 2 mois 6 jours
ECNP
Entre 1 % et 2 % des Européens souffrent de trouble bipolaire soit plus de 700.000 personnes en Europe. (Visuel Fotolia 105950890)

C’est un exemple de développement de la psychiatrie de précision. Une technologie bientôt disponible en santé mentale communautaire : un bracelet portable suit les sautes d'humeur bipolaires grâce aux changements de signaux électriques dans la peau liés aux humeurs maniaques ou dépressives. Ce développement apporte sa première preuve de concept avec cette étude pilote présentée lors du 36è Congrès de l’European College of Neuropsychopharmacology (ECNP).

 

Entre 1 % et 2 % des Européens souffrent de trouble bipolaire soit plus de 700.000 personnes en Europe. Le trouble bipolaire ou trouble maniaco-dépressif est une maladie mentale qui provoque des sautes d’humeur, d’énergie, de niveau d’activité et de concentration. Ces changements peuvent rendre difficile le fonctionnement de la personne au quotidien et réduire ses interactions sociales. Le degré de saute d’humeur peut varier d’un patient à l’autre, allant d’un sentiment très « up » à des symptômes dépressifs sévères. Aujourd’hui, ces sautes d'humeur sont, dans la plupart des cas, diagnostiquées de manière subjective, par le biais d’évaluation par le médecin, ce qui prend du temps et nécessite une présence médicale immédiate.

 

Ces résultats préliminaires de cette technologie portable qui mesure les impulsions électriques dans la peau et d'autres biomarqueurs physiologiques, associés aux changements d'humeur liés au trouble bipolaire augurent de pouvoir détecter et suivre en temps réel et à distance ces patients, et d’adapter en conséquence leur prise en charge et leur traitement.

 

Développé par une équipe de psychiatres de Barcelone, en collaboration avec des collègues d'Édimbourg, ce dispositif portable collecte en continu plusieurs biomarqueurs physiologiques, dont l’activité électrodermique. En d’autres termes,

le bracelet analyse les modifications de la conductivité électrique de la peau pour évaluer le niveau de stress du patient.

Il indique ainsi de manière immédiate si le patient est en phase maniaque, dépressive ou dans un état d’humeur normal.

 

L’étude teste ce dispositif chez 38 patients atteints de trouble bipolaire et 19 témoins en bonne santé. Chaque participant a été équipé d'un bracelet. L’expérience montre que :

 

  • les patients atteints de troubles bipolaires dans leur phase dépressive présentent en moyenne une activité électrique cutanée significativement inférieure à celle du reste du groupe bipolaire ou du groupe témoin sain ;
  • lorsqu'un patient passe d'un état maniaque à un état dépressif (ou vice versa), ce changement d’humeur est bien détectable par un changement dans l'activité électrique à surface de la peau.

 

Sur l’importance du suivi des fluctuations de l’humeur : les auteurs rappellent que ces données permettent de mieux préciser le traitement adapté. Cette connaissance peut également contribuer à un diagnostic rapide et à un traitement personnalisé précoce, mais aussi permettre de prévenir certaines conséquences indésirables, par exemple en alertant sur un risque accru de suicide ou sur des sautes d'humeur susceptibles d’entraîner des comportements à risque. Il est également plus facile de traiter les patients si l’on sait s’ils sont dans une phase maniaque ou une phase dépressive. Enfin, jusqu'à présent, ces sautes d'humeur étaient pour la plupart diagnostiquées de manière subjective, par le biais d'entretiens avec des médecins. Résultat,

seulement 30 à 40 % environ des patients traités répondent au traitement.

Ces systèmes ont donc un rôle clé à jouer dans le suivi des patients atteints de troubles de la santé mentale. Cependant, précisent les chercheurs, le chemin est encore long avant leur mise à disposition en pratique clinique. L’étude est observationnelle et il faudra examiner l’efficacité du dispositif sur un échantillon plus large de patients et utiliser l'apprentissage automatique pour analyser les biomarqueurs collectés.

Enfin, le passage du niveau subjectif au niveau biologique

pourrait également favoriser la compréhension des processus sous-jacents aux sautes d’humeur. Les tentatives précédentes, basées sur l'étude du comportement moteur à l'aide d'appareils portables, n'ont pas réussi à différencier, par exemple, l'agitation provoquée par l'anxiété lors d'un épisode dépressif, de l'hyperactivation associée à un changement maniaque.


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