Un CORONAVIRUS porcin transmissible aux cellules humaines
Cette recherche d’une équipe de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill reflète tous les progrès de la surveillance épidémiologique avec le décryptage d’une souche de coronavirus porcin capable de se répliquer dans les cellules humaines. Les chercheurs montrent, dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) que cette souche de coronavirus SADS-CoV qui a récemment alarmé l'industrie porcine se réplique efficacement dans les cellules hépatiques et intestinales humaines, ainsi que dans les cellules des voies respiratoires. Le risque (démontré à ce stade in vitro) pour l’Homme engage déjà au développement d’un vaccin.
La souche de coronavirus, connue sous le nom de coronavirus du syndrome de la diarrhée aiguë porcine (SADS-CoV pour swine acute diarrhea syndrome coronavirus) provient a priori de chauves-souris et a infecté des troupeaux de porcs en Chine depuis sa découverte en 2016.
La menace possible du virus pour les humains est ici démontrée in vitro,
par des tests de laboratoire qui révèlent que le SADS-CoV peut se répliquer sur plusieurs types de cellules humaines, hépatiques, intestinales et des voies respiratoires. Alors que SARS-CoV-2, responsable de COVID-19 est un betacoronavirus, SADS-CoV est un alphacoronavirus, comme 2 autres alphacoronavirus courants HCoV-229E et HCoV-NL63, qui provoquent le rhume chez l’Homme. A ce stade, SADS-CoV est responsable de maladies gastro-intestinales (diarrhée et vomissements) chez le porc et peut être mortel pour les jeunes porcelets.
Surveiller aussi les alphacoronavirus est aussi une priorité pour la santé humaine, souligne l’auteur principal, le Dr Ralph Baric, professeur d'épidémiologie à la UNC-Chapel Hill, qui souligne la capacité de ces virus à « passer rapidement d'une espèce à l'autre ». S’il n’y a pas de cas d’infection humaine à SADS-CoV documenté à ce jour, la pandémie de COVID-19 doit servir de rappel du risque de contamination humaine avec de nombreuses souches de coronavirus issues de réservoirs animaux.
Les résultats des tests indiquent ici que :
- SADS-CoV est dérivé de coronavirus de chauve-souris appelés HKU2, un groupe hétérogène de virus avec une distribution mondiale. Il est impossible à ce stade, de prédire de manière certaine, si ce virus, ou une souche de chauve-souris HKU2 étroitement apparentée, pourrait émerger et infecter l’Homme ;
- Cependant, in vitro, un large éventail de cellules de mammifères, dont les cellules pulmonaires et intestinales humaines primaires, sont sensibles à l'infection ;
- le SADS-CoV montre un taux de croissance plus élevé dans les cellules intestinales trouvées dans l'intestin humain, contrairement au SRAS-CoV-2, qui infecte principalement les cellules pulmonaires ;
- la large gamme d'hôtes de SADS-CoV, la capacité de réplication du virus dans les cellules pulmonaires et entériques humaines primaires sont 2 facteurs qui, pris ensemble, suggèrent un risque d'émergence du virus dans d’autres populations animales et chez les humains ;
- une certitude : les humains n'ont pas encore développé une immunité contre le SADS-CoV.
L’antiviral à large spectre remdesivir traitement possible de l'infection ? Le remdesivir a été développé au départ pour lutter contre tous les coronavirus connus. Le médicament est actuellement utilisé pour traiter les infections au COVID-19 chez l'Homme. Ces résultats préliminaires montrent son activité également robuste contre le SADS-CoV. Cependant, des tests supplémentaires sont nécessaires sur d'autres types de cellules pour confirmer ces résultats.
Limiter l’effet de débordement à l'avenir : le SADS-CoV peut comme le SARS-CoV-2 ou d’autres virus émergents induire un effet de débordement, dont une menace pour l'économie. Eviter ce risque de débordement lié aux épidémies dont l’impact affecte bien plus que la santé publique et le système sanitaire doit être l’objectif à atteindre, après la pandémie de COVID-19, soulignent ces chercheurs. Selon ces auteurs, les vaccins sont la première arme pour atténuer la propagation mondiale de ces épidémies, et il s’agit donc d’accroître encore la surveillance épidémiologique et de réduire les délais de développement d’antiviraux et de vaccins contre ces virus émergents.