VIEILLISSEMENT et MALADIES CHRONIQUES, mêmes facteurs génétiques sous-jacents ?
Le vieillissement double le risque de maladies chroniques tous les 8 ans et certains de nos gènes sont responsables de cette association, souligne cette étude internationale, dans un contexte où la population mondiale âgée de 60 ans ou plus croît plus vite que tous les autres groupes d’âge et fait face au grand défi des maladies chroniques. Ces scientifiques de Moscou ont cherché à mieux comprendre la biologie sous-jacente à l’espérance de vie en bonne santé à travers l’analyse de données génétiques et des antécédents médicaux de plusieurs centaines de milliers de participants. Leurs travaux, présentés dans la revue Communications Biology révèlent que les maladies chroniques les plus répandues, telles que le cancer, le diabète, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), les accidents vasculaires cérébraux, la démence et d’autres présentent un même mécanisme sous-jacent : le vieillissement.
Selon le modèle de Gompertz (un mathématicien ayant modélisé le taux de mortalité), le risque de décès, toutes causes confondues, augmente de manière exponentielle après 40 ans et double environ tous les 8 ans, rappelle l’un des auteurs, Peter Fedichev (Gero) : «En analysant la dynamique de l'incidence des maladies à partir de ces données cliniques de l’UK Biobank, nous observons que le risque de maladies liées à l'âge croît de manière exponentielle avec l'âge et double à un taux compatible avec la loi de mortalité de Gompertz. Cette relation étroite entre les maladies chroniques « courantes » et mortalité suggère que leurs risques pourraient être liés au même processus, à savoir le vieillissement.
Les chercheurs de Gero (Biotech, Moscou), du Moscow Institute of Physics and Technology (MIPT), de PolyOmica (Pays-Bas) et de l’Université d’Edimbourg ont donc travaillé sur les données issues de L’UK Biobank. Afin d’identifier les facteurs génétiques associés à la santé humaine, les chercheurs ont analysé les génomes de 300.477 participants âgés de 37 à 73 ans.
- 12 locus génétiques ayant une incidence sur l'espérance de vie en bonne santé ont été ainsi identifiés.
- 11 de ces 12 SNPs augmentent le risque de décès dans les groupes de réplication.
- 3 des gènes affectant l’espérance de vie en bonne santé, HLA-DBQ, LPA et CDKN2B, avaient auparavant été associés à la longévité parentale, également un indicateur de l'espérance de vie globale.
- 3 loci génétiques s’avèrent associés à un risque de maladies multiples et de mortalité et pourraient donc former une signature génétique du vieillissement ;
- le gène HLA-DQB1 est associé de manière significative à la MPOC, au diabète, au cancer et à la démence, il avait précédemment associé à la longévité parentale ;
- des variants génétiques (proches de TYR) sont prédicteurs de décès et d’apparition plus précoce de la dégénérescence maculaire,
- un locus du chromosome 20 (contenant C20orf112) semble affecter, globalement, la santé.
- 5 SNPs associés à l’espérance de vie en bonne santé s’avèrent également associés à un certain nombre de « traits » complexes tels que cancer de la peau, la couleur de la peau, des yeux et des cheveux, les taches de rousseur,mais également à la coronaropathie, l’infarctus du myocarde, le taux de cholestérol et de glucose, l’IMC et le diabète de type 2 ;
- de fortes corrélations génétiques sont identifiées entre l’espérance de vie en bonne santé et des conditions telles que l'obésité, le diabète de type 2, la coronaropathie et des facteurs sociodémographiques, notamment l'âge parental au décès, le tabagisme et le niveau d'éducation.
Ces premiers travaux identifient déjà de multiples facteurs génétiques communs au vieillissement et aux maladies chroniques mais il en existe probablement de nombreux autres. Les chercheurs appellent à d’autres recherches pour mieux comprendre les mécanismes « de contrôle » de la santé. « Il s’agira », concluent les chercheurs dans leur communiqué, « de définir les architectures génétiques de la durée de vie et de la santé », de développer de nouveaux outils diagnostiques dans le domaine de la génétique du vieillissement et de définir « l’espace cible » des futures thérapies contre le vieillissement ».