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VIH : Exposition in utero et risque d’obésité plus tard dans la vie

Actualité publiée il y a 5 années 6 jours 16 heures
JAIDS
Les adolescents et les jeunes adultes nés de mères séropositives au VIH, mais séronégatifs, encourent un risque multiplié par 4 d'obésité et de symptômes d'asthme.

Chaque année, dans le monde, plus d'un million de bébés naissent de mères séropositives. Cette découverte de chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH) a donc des implications importantes en Santé publique : les adolescents et les jeunes adultes nés de mères séropositives au VIH encourent un risque multiplié par 4 d'obésité et de symptômes d'asthme, même s'ils sont séronégatifs. L’étude, publiée dans le Journal of Acquired Immune Deficiency Syndrome (JAIDS), qui illustre tout l’impact épigénétique chez l’enfant, des infections et/ou inflammation chez la mère pendant la grossesse, engage les enfants de mères séropositives à un suivi de santé plus rigoureux, tout au long de la vie.

 

Avec le développement du traitement antirétroviral prénatal permettant de prévenir la transmission maternelle pendant la grossesse (PTME), près de 98% des nourrissons exposés au VIH ne sont pas infectés. Le progrès est considérable, cependant les conséquences sur la santé de l'exposition intra-utérine au VIHnà court terme, à l’adolescence puis à l’âge adulte, restent mal connues.

L'exposition au VIH in utero a des conséquences métaboliques et immunitaires sur la santé du bébé

L’auteur principal, le Dr Lindsay Fourman, du Département de médecine métabolique du MGH en tire les conséquences cliniques : « Ces résultats soulignent la nécessité de surveiller tout au long de leur vie, tous les enfants de mères vivant avec le VIH – et même ceux qui sont séronégatifs. Trop souvent, l’histoire d’exposition au VIH disparaît du dossier médical dès que le diagnostic de séronégativité est posé ».  

Les chercheurs examinent le niveau de cellules immunitaires T CD4 de la mère, au cours du dernier trimestre de la grossesse. L'étude est menée sur une cohorte de 50 adolescents et jeunes adultes (âgés de 13 à 28 ans) préalablement exposés in utero au VIH mais non infectés et auprès de 141 témoins appariés pour l’âge et n’ayant jamais été exposés au virus. L’analyse constate que :

  • 42% des adolescents et des jeunes adultes exposés au VIH in utero sont atteints d’obésité, vs 22% de leurs homologues non exposés ;
  • 40% des adolescents et des jeunes adultes exposés au VIH in utero souffrent de symptômes d’asthme, vs 23% de leurs homologues non exposés ;
  • la diminution du nombre de lymphocytes T CD4 chez la mère - associée à une infection à VIH plus sévère- pendant la grossesse est étroitement liée à l'augmentation de l'indice de masse corporelle (IMC), une mesure de la masse adipeuse basée sur la taille et le poids, chez leurs enfants, séronégatifs, à l’adolescence.

 

 

Une surveillance du système immunitaire de la mère s’impose : cette découverte suggère la nécessité d'un contrôle rigoureux du système immunitaire pendant la grossesse de la mère, car l'amélioration de la régulation immunitaire pourrait non seulement être bénéfique pour la mère pendant la grossesse, mais également pour son enfant à long terme. Les conséquences ont des implications non négligeables étant données les comorbidités associées à l’obésité, telles que l’hypertension artérielle, une cholestérolémie élevée et la résistance à l'insuline. Par ailleurs, 80% des adolescents obèses restent obèses à l'âge adulte…

 

Plus généralement, cette recherche appelle à mieux comprendre le rôle de l’environnement intra-utérin dans la santé à long terme des personnes exposées in utero à un large éventail de maladies maternelles. On sait par exemple que l'exposition in utero à l'obésité maternelle ou au diabète gestationnel est également lié à l'obésité, à la résistance à l'insuline, à l'asthme et aux maladies auto-immunes plus tard dans la vie.