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VISION : En périphérie, chacun a ses mauvais spots

Actualité publiée il y a 7 années 8 mois 2 semaines
PNAS

La capacité de vision périphérique varie de manière significative entre les personnes, certaines ont plus de facilité à repérer les objets situés au-dessus de leur centre de vision, d'autres à droite …C’est la démonstration de cette recherche de l’University College London, de l'Université Paris Descartes et du Dartmouth College (US), qui conclut, qu’en général, nous sommes moins à même de à repérer des objets visuels dans des environnements encombrés lorsqu'ils sont situés au-dessus ou au-dessous du niveau des yeux. Quelles implications ? La première est qu’il faut dédramatiser, la vision varie considérablement d'un individu à l'autre, ensuite ces travaux, présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences permettent de mieux comprendre les mécanismes qui provoquent l'encombrement visuel et de travailler à de meilleures stratégies de traitement pour de nombreuses conditions qui limitent la vision chez des millions de personnes dans le monde. Enfin, cela peut expliquer pourquoi, parfois, vous ne retrouvez plus vos clés.

L'étude est menée ici avec 12 participants bénévoles qui ont passé une série de tests de perception sur un suivi de plusieurs années. Le test principal impliquait la mise au point sur un point au centre de l'écran alors que des images d'horloges s'affichaient dans différentes parties du champ visuel, soit une horloge seule, soit deux autres horloges à côté. Dans la réalité, il est plus difficile de préciser l'heure de l'horloge centrale lorsque les horloges environnantes se rapprochent, car la scène visuelle est plus « encombrée ». C'est « l'encombrement visuel » (ou « visual crowding »).


Chacun a sa propre sensibilité visuelle : la première conclusion de cette expérience est que la capacité des participants à identifier avec succès l'horloge centrale dans une scène encombrée varie de manière significative, certains participants parvenant mieux à la repérer dans certaines positions. En moyenne, la plupart des participants se montrent moins bons en vision périphérique supérieure qu'inférieure. L'expérience ne montre en revanche aucune différence significative en moyenne entre vision périphérique de gauche et de droite, cependant certains participants ont une meilleure perception visuelle d'un côté ou de l'autre.

Lorsque les participants sont invités à déplacer leur regard vers l'endroit où le centre de l'horloge centrale est apparu, mais une fois qu'il a disparu, les chercheurs notent une forte corrélation entre l'importance de l'encombrement et la capacité des participants à fixer ce « spot » (Visuel de gauche). Chacun a sa propre sensibilité visuelle, avec des îlots ou spots de vision médiocres.

Une mauvaise vision périphérique a des implications dans la vie courante : cette sensibilité visuelle périphérique explique qu'on puisse ne pas retrouver certains objets, comme ses clés, dans la vie courante, tout simplement parce que ces objets sont situés « du mauvais côté » et dans un espace encombré par d'autres objets. L'exemple est également donné avec un chauffeur de poids lourd à cabine haute qui regarde tout droit et est naturellement moins susceptible de remarquer les piétons ou les cyclistes au niveau de la rue, donc dans son champ de vision périphérique. Un environnement visuellement encombré, comme une grande artère en ville rend la perception visuelle encore plus difficile.

Ces spots de vision médiocre sont liés à différents processus dans le cerveau. Les chercheurs expliquent que ces différences dans la vision périphérique pourraient se développer très tôt dans le système visuel, sous l'effet de facteurs génétiques et/ou environnementaux. Les chercheurs reconstituent ces processus cérébraux associés aux niveaux de vision, des plus « primaires » (forme des objets, couleurs…) aux niveaux supérieurs ( reconnaissance des objets, des visages, des mouvements, des actions et zoom sur certains détails de la scène) et aboutissent à un modèle quasi standard chez l'ensemble des participants : « Ce qui est frappant, c'est la cohérence du modèle, du premier niveau de vision aux niveaux les plus élevés, l'ensemble de ce traitement visuel impliquant des zones très différentes du cerveau», explique l'auteur principal, le professeur Patrick Cavanagh du Dartmouth College.

L'encombrement visuel, un phénomène impliqué dans de nombreuses maladies : si plupart d'entre nous n'éprouvent pas ce phénomène d'encombrement de la vision en vision centrale centre de leur vision, dans certaines conditions, la vision centrale est également affectée. Dans l'amblyopie, une condition connue sous le nom de « l'œil paresseux », le cerveau n'interprète pas correctement les signaux visuels d'un œil, entraînant une augmentation du nombre d'objets visuels. Dans la dyslexie, les personnes atteintes trouvent plus facile de lire les mots lorsque l'espacement des lettres augmente ce qui réduit l'encombrement visuel. Enfin, l'encombrement visuel peut être l'un des premiers signes de l'atrophie corticale postérieure, une forme de démence qui affecte de façon prédominante la vision. L'encombrement visuel est également facteur de dégénérescence maculaire, une des formes les plus fréquentes de cécité, où le centre de l'œil est d'abord affecté.

Des travaux qui contribuent à mieux comprendre les mécanismes qui provoquent l'encombrement visuel et qui pourront ainsi permettre de développer de meilleures stratégies de traitement pour ces nombreuses conditions qui limitent la capacité de vision de millions de personnes dans le monde.

March 21, 2017 doi: 10.1073/pnas.1615504114 Variations in crowding, saccadic precision, and spatial localization reveal the shared topology of spatial vision (Visuel@John Greenwood, UCL)

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