GREFFE de REIN: Changer la donne et éviter le rejet
Modifier le système immunitaire d’un patient en affaiblissant ses anticorps ou sa réponse immunitaire de manière à ce qu’il ne rejette pas la greffe est possible. De là, il devient également possible de recevoir une greffe d’un donneur dit incompatible. C’est la démonstration de ces scientifiques américains, pour la greffe de rein. Ils ouvrent une toute nouvelle fenêtre d’opportunité, qui permettrait, dans de nombreux cas d’éviter la dialyse. Leurs conclusions, présentées dans le New England Journal of Medicine, confirment ce principe, avec des taux de survie supérieurs, à 1, 5 et 8 ans chez les patients transplantés via des donneurs vivants incompatibles vs chez les patients restés sur liste d'attente ou n’ayant jamais pu être « greffés ».
Les chercheurs de 22 instituts américains, dont la Johns Hopkins University, la Mayo Clinic, l'University of Minnesota, l'University of California - San Francisco, du Scripps Clinic and Green Hospital… estiment que la moitié des patients ayant besoin d'une greffe sont à risque de rejet, avec, dans 20% des cas, des contraintes extrêmement élevées pour trouver un donneur compatible. Dans le cas idéal, le receveur doit présenter une absence d'anticorps anti-HLA contre les antigènes des leucocytes humains (Human Leukocyte Antigens) du donneur.
Désensibiliser pour amortir la réponse immunitaire et le risque de rejet : la procédure reste lourde. Il s'agit de filtrer les anticorps du patient puis de le traiter par médicaments pour détruire les lymphocytes B qui produisent les anticorps anti-HLA. Ainsi, une greffe d'un donneur vivant incompatible peut être envisagée et sera peut-être préférable à la liste d'attente. C'est ce que montre cette étude multicentrique menée chez 1025 adultes ayant subi une greffe de reins provenant de donneurs vivants HLA-incompatibles, appariés à des patients témoins sur liste d'attente pour des donneurs décédés compatibles.
L'étude montre qu'à 1, 5 et 8 ans,
· les taux de survie chez les patients ayant reçu une greffe de donneurs vivants HLA-incompatibles sont, respectivement, de 95%, 86% et 77%,
· les taux de survie chez les témoins d'abord sur liste d'attente puis greffés de donneurs décédés compatibles, sont significativement plus faibles, soit respectivement, 90%, 74% et 63%,
· les taux de survie chez les témoins d'abord sur liste d'attente et non greffés sont encore plus faibles, soit respectivement, 89,6%, 73% et 44%.
L'étude confirme ainsi l'opportunité et le bénéfice de survie en cas de greffe de rein à partir d'un donneur vivant, HLA-incompatible, plutôt que de rester sur la liste d'attente. Cet avantage de survie est significatif à 8 ans à tous les niveaux d'anticorps spécifique du donneur. March 10, 2016DOI: 10.1056/NEJMoa1508380 Survival Benefit with Kidney Transplants from HLA-Incompatible Live Donors Plus de 25 études sur l'Insuffisance rénale