Le TABAGISME, l'ennemi juré de la cicatrisation
Le tabagisme est souvent « réprimandé » par les professionnels de la santé pour sa capacité à causer toute une série de maladies graves, cependant son rôle néfaste sur le processus naturel de cicatrisation est rarement abordé. L'air que nous respirons est rempli d'oxygène, nécessaire pour la plupart des fonctions du corps, dont la cicatrisation, après une intervention chirurgicale. Un rapport de la American Orthopaedic Foot & Ankle Society décrit comment les fumeurs font face à une récupération bien plus complexe lorsqu’il s’agit de cicatriser de blessures ou de chirurgies, un processus parfois déjà complexe en lui-même, en fonction du type et des caractéristiques de la plaie. Ces quelques principes biologiques contribueront peut-être les fumeurs porteurs de plaies à s’abstenir ou à ralentir.
Le tabagisme réduit le flux d'oxygène nécessaire au processus de cicatrisation. Peu d'agents sont essentiels au processus cicatrisation comme l'oxygène. Après avoir été inhalé, l'oxygène traverse la circulation sanguine vers la plaie, où il joue un rôle essentiel dans la cascade biologique qui permet de lutter contre les infections, de régénérer les tissus et d'aboutir à la fermeture de la plaie. L'hémoglobine, une molécule qui transporte de l'oxygène dans tout le corps, ne peut contenir autant d'oxygène que d'habitude lorsqu'elle est exposée à la fumée de cigarette. Les micro-vaisseaux sanguins sont rétrécis, ce qui rend plus difficile l'accès de l'hémoglobine et de l'oxygène vers les tissus. Les composés chimiques présents dans les cigarettes et la fumée entraînent des troubles respiratoires et cardiovasculaires, qui vont contribuer à réduire la quantité d'oxygène qui parvient aux tissus. Enfin le tabagisme provoque également l'inhalation de monoxyde de carbone, qui lie aux globules rouges et réduit le taux d'oxygène dans le sang. Le tabagisme épaissit le sang de sorte qu'il ne s'écoule plus aussi facilement par des vaisseaux sanguins rétrécis.
Le tabagisme augmente le taux de sucre dans le sang avec de multiples effets dont le ralentissement du processus de cicatrisation des plaies. Une glycémie élevée, qui peut être causée par le tabagisme, favorise la rigidité artérielle et réduit la circulation dans les vaisseaux sanguins. Enfin, une glycémie élevée induit des agrégats des cellules des globules rouges. Ces touffes cellulaires incapables de traverser les capillaires, bloquent la circulation sanguine nécessaire à la cicatrisation.
Une augmentation des niveaux de douleur : le tabagisme exacerbe non seulement la douleur mais aussi l'inflammation, qui stimule aussi la douleur ce qui rend plus difficile (soins, observance) le processus de cicatrisation.
Un risque d'infection multiplié par 4 : après une chirurgie des os du pied ou de la cheville, le tabagisme peut ralentir aussi la cicatrisation osseuse. Les données de la littérature montrent que les fumeurs peuvent présenter un risque multiplié par 2 à 10 de complications de plaies et de retards de cicatrisation. En effet, le système immunitaire est moins capable de lutter contre une infection après une intervention chirurgicale. Toujours ces composés chimiques présents dans la fumée de cigarette limitent l'activité des neutrophiles. Sans des niveaux normaux de neutrophiles fonctionnels, l'infection se développe dans la plaie, ce qui pourra nécessiter la mise sous traitement par antibiotiques voire une nouvelle chirurgie.
La bonne nouvelle est que l'arrêt du tabac avant l'intervention, réduit ce risque de complications. Les études montrent qu'un arrêt du tabac 4 à 6 semaines avant la chirurgie est préférable. Cependant, dans de nombreux cas, l'intervention n'est pas prévue…La recherche a également montré que les fumeurs qui ne fument pas après leur chirurgie ont également moins de complications que ceux qui continuent de fumer.
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