RELATION MÉDECIN-PATIENT: Les pressentiments des patients ont souvent valeur de prédiction
Quand un patient dit « je ne me sens pas bien », il existe une base biologique à ses propos, même si les symptômes ne sont pas encore flagrants, écrivent ces chercheurs de la Rice University. Les médecins devraient prêter plus attention aux auto-évaluations des patients sur leur santé, car ces pressentiments ne sont pas toujours dénués d’intérêt : les patients peuvent souvent ressentir les problèmes de santé à venir, bien avant les premiers symptômes cliniques et cette étude en apporte les preuves.
Des conclusions, présentées dans la revue Neuroendocrinology qui suggèrent que l'auto-évaluation du patient peut, dans certains cas, être un meilleur prédicteur à long terme de maladie et de décès, que les tests standards de sang, les mesures de pression artérielle ou autres signes cliniques pris en compte par le médecin en routine…
L'étude qui apporte des éléments de preuves pour appuyer ces conclusions, rappelle toute l'importance lors des consultations, de l'écoute et de la relation médecin-patient. « Il y a quelques années », explique l'auteur, le Dr Christopher Fagundes, professeur de psychology à la Rice « on faisait grand cas, en psychologie et en médecine des résultats de santé rapportés par les patients, du ressenti des patients sur leur propre santé et de la valeur pronostique de leur auto-évaluation sur les risques de morbidité et de mortalité. (…) On pourrait penser que les marqueurs objectifs tels que la pression artérielle seraient plus précis. Cependant l'expression des patients est parfois bien plus précoce ».
Les chercheurs ont tenté de trouver des preuves à l'appui de cette théorie, des données qui montreraient un lien entre les sentiments des patients et leurs résultats de santé. Les auteurs identifient ce lien dans les données d'études existantes portant sur l'auto-évaluation de patients et les niveaux d'activité des herpès-virus, qui peuvent constituer un marqueur de faiblesse de l'immunité cellulaire associée à des niveaux élevés d'inflammation. Identifier ce lien a été possible grâce aux données d'une étude de l'Université du Texas, portant sur le stress et avait réuni les données d'auto-évaluations de santé et d'analyses de sang de 1.500 participants.
Un exemple de lien significatif entre l'auto-évaluation négative et l'inflammation : L'analyse de ces données révèle un lien significatif entre les données d'auto-évaluation et la réactivation de virus de l'herpès associés à diverses conditions comme les boutons de fièvre par exemple. « L'activité de ces virus est un très bon marqueur fonctionnel de l'immunité cellulaire, parce que presque tout le monde a déjà été exposé à un type de virus. Ces virus restent en dormance dans les cellules durant la plus grande partie de la vie mais comme lorsqu'ils se réactivent, ils induisent une réponse du système immunitaire, ils sont un bon marqueur de son efficacité. Cette réponse entraîne l'inflammation et l'inflammation contribue au développement de la maladie », résument les chercheurs. De précédentes études de la même équipe avaient démontré le lien entre l'activation de l'herpèsvirus et l'inflammation.
Se sentir en bonne ou mauvaise santé est associé à des résultats objectifs de santé : ici, une auto-évaluation de santé négative est donc associée à une réactivation de ces herpèsvirus latents, à une inflammation plus élevée et donc à un risque de morbidité et de mortalité plus élevé, ainsi que de certains cancers, de diabète de type 2 et de maladie cardiovasculaire. Mais une auto-évaluation positive est également associée à des charges virales et des niveaux d'inflammation faibles.
Les médecins n'ayant pas identifié le processus qui donne aux patients un sentiment de maladie imminente, ils sont peu enclins à en tenir compte. Un bon marqueur pourtant pourrait être la fatigue qui, la plupart du temps -écrivent les auteurs- est associée à une maladie. Une autre explication pourrait être une sensation de déséquilibre dans le microbiome intestinal ? Toujours est-il, que les médecins devraient toujours porter une attention particulière à ce que rapportent les patients.
Autres actualités sur le même thème
MULTIMORBIDITÉ : Faut-il traiter différemment en cas de plusieurs ALD ?
Actualité publiée il y a 1 année 4 moisPOST-HOSPITALISATION : Et si les médecins résidents se rendaient au chevet des patients ?
Actualité publiée il y a 6 années 3 moisRELATION PATIENT-MÉDECIN : Diagnostiquer mais pas juger
Actualité publiée il y a 2 mois 21 heuresTÉLÉMEDECINE : Un bon exemple d’augmentation d’espérance de vie et de réduction des hospitalisations
Actualité publiée il y a 6 années 1 mois