DÉMENCE et INCONTINENCE: Les défis d'un plan de soin personnalisé
Communiquer avec un patient dément pour pouvoir à la fois évaluer le type et la sévérité de son incontinence, mais également ses perceptions et ses réticences est un défi en soi. Pourtant, la démence n’est pas « une raison » soulignent ces auteurs de de l’Association Alzheimer Europe (Luxembourg) pour ne pas donner accès au patient à une évaluation tout aussi personnalisée et au meilleur plan de soins possible. A travers un examen de la littérature, ces experts nous rappellent quelques clés indispensables pour aboutir au meilleur diagnostic, à un plan de soin adapté et au choix du « bon » palliatif.
Communiquer sur l'incontinence avec un patient dément : quelques comportements permettent de faciliter le dialogue et l'évaluation. Il s'agit de,
- parlez lentement et clairement, mais sans exagérer.
- maintenir le contact visuel.
- préférer un endroit calme, sans distractions,
- adapter son discours au niveau de compréhension du patient atteint de démence,
- laisser au patient le temps de répondre,
- poser une question à la fois,
- donner une information à la fois,
- aider le patient à prioriser ses perceptions,
- confirmer avec le patient ce que l'on a compris,
- ne pas hésiter à utiliser des aides, des objets, images ou schémas pour expliquer,
- être attentif aux signes de fatigue, de confusion ou de perte de concentration,
- savoir rassurer par un toucher approprié, le langage corporel et le ton de la voix.
Pas de discrimination dans l'évaluation ou le diagnostic : Une bonne évaluation de la continence, un diagnostic juste et le bon traitement doivent être « offerts » à tous les patients, qu'ils soient atteints ou pas de démence, avancés ou moins en âge, seuls ou aidés au domicile.
Points principaux de l'évaluation : Les questions suivantes doivent être abordées :
- le type d'incontinence,
- sa sévérité (volume, fréquence et moments des fuites),
- traitements médicamenteux en cours,
- suivi médical du patient,
- orientation vers des soins secondaires ou spécialisés, hospitalisation ou institutionnalisation,
- choix des protections contre l'incontinence pour favoriser l'autonomie et la qualité de vie,
- histoire médicale, chirurgicale, obstétrique, urologique, gynécologique et neurologique du patient.
Principaux symptômes/type d'incontinence :
- Incontinence urinaire d'effort : fuites en cas de toux / rire / éternuements
- Hyperactivité vésicale : fréquence des mictions > 8x par jour
- Urgenturie ou ncontinence par impériosité : se précipiter pour aller aux toilettes
- Nycturie : se lever 1x ou plus par nuit pour uriner
- Obstruction des voies urinaires : hésitation avant la miction, miction/écoulement lent de l'urine, miction incomplète (nécessité d'aller à nouveau aux toilettes juste après y avoir été)
- Infection récurrente des voies urinaires : douleur pendant la miction, odeur forte des urines, envie impérieuse
- Troubles intestinaux, fécalome : selles dures ou longues périodes entre les selles, constipation, fuites fécales.
Ø Principaux critères à prendre en compte : Durée des épisodes (incontinence transitoire ou chronique), degré d'incontinence (volume et fréquence des fuites), routines de la toilette et de l'alimentation.
Principaux facteurs, obstacles ou caractéristiques de la continence :
- mobilité
- gestion de la toilette,
- gestion de la continence ou type et degré de l'assistance à la continence,
- impact de la prise en charge sur la qualité de vie,
- types de vêtements (zips, boutons…),
- cognition
- facteurs environnementaux (visibilité, accessibilité, distance, éclairage, fléchage des toilettes),
- réponses émotionnelles aux troubles de la continence,
- médicaments pouvant entraîner des problèmes de continence,
- co-morbidités pouvant avoir un impact sur la continence,
- apport hydrique et alimentaire,
- utilisation de dispositifs de protection (type, capacité d'absorption, fréquence des changes… ).
Plan de soins : il devrait être élaboré par étapes, en impliquant le patient dément et tous les professionnels de santé et des services sociaux, les aidants et/ou les proches. Le plan de soins doit préserver au mieux la continence du patient (stratégie conservatrice) et pallier aux fuites par recours aux différents dispositifs disponibles (stratégie palliative). Parmi ces dispositifs, on citera,
· Les urinoirs portables ou bassines,
· Les protections absorbantes (serviettes, culottes ou sous-vêtements absorbants, changes complets avec et sans ceinture (slips absorbants), changes anatomiques),
· Etuis péniens et poches de recueil à même le corps
· Et, en cas de rétention urinaire, cathéters (sondage intermittent et auto-sondage) …
· A noter, les patients atteints de démence pourront avoir besoin de temps pour se familiariser avec l'utilisation de ces dispositifs et l'aidant et/ou le soignant devra éviter tout sentiment de culpabilité chez le patient dément réticent à les utiliser. Certaines protections, plus discrètes pourront ainsi être privilégiées.
En conclusion, les patients atteints de démence devraient se voir proposer des dispositifs palliatifs non seulement adaptés à leurs besoins spécifiques, facilement accessibles, et qui contribuent au maintien de l'autonomie comme au respect de leur dignité.
2016 septembre 14 doi: 10.1111 / jocn.13582 Continence care for people with dementia living at home in Europe: a review of literature with a focus on problems and challenges
Pour en savoir plus sur l'Incontinence
Autres actualités sur le même thème
AIDANTS FAMILIAUX : TENA s’engage !
Actualité publiée il y a 7 années 2 moisINCONTINENCE MASCULINE : Le choix du palliatif
Actualité publiée il y a 6 années 2 semainesLITHOTRITIE des CALCULS RÉNAUX et : Leur fragmentation par ultrasons évite la récidive
Actualité publiée il y a 2 mois 1 semaineDIGNITÉ des patients : Savoir diagnostiquer l'incontinence au domicile
Actualité publiée il y a 7 années 2 mois