SOINS de CONTINENCE: Préserver la dignité du patient âgé
Le respect de la dignité est devenue une priorité dans les soins dispensés aux personnes âgées. Au-delà de la première nécessité de bien-traitance. Pourtant encore très peu d'études traitent de la relation dignité et soins personnels, en particulier lorsque que ces soins impliquent des questions et des sites sensibles, comme les soins de continence. Un rapport britannique a apporté déjà quelques données d’analyse et quelques directions pour mieux préserver la vie privée et la dignité du patient, dans les soins de continence.
C'est un projet mené sur 2 années a permis d'identifier et de valider les critères de la dignité, centrés sur le patient dans le cadre de la continence, d'élaborer de premières lignes directrices pour la prestation de soins dans la dignité, et de premières recommandations de bonnes pratiques. L'étude s'est déroulée en 3 phases, une recherche dans la littérature de la définition du concept de dignité quand il s'agit de la vessie et de l'intestin, des entretiens avec des patients âgés résidents en EHPAD et enfin, le développement de lignes directrices pour la pratique clinique. Le rapport analyse également les perceptions des résidents, âgés de 65 ans et plus, qui étaient atteints d'incontinence urinaire et / ou fécale, avaient besoin d'une assistance à la toilette et/ou à l'usage de palliatifs et/ou de soins ou d'assistance au sondage urinaire.
Le concept de dignité : il se réfère à « l'entretien du respect de soi et d'une appréciation positive par les autres ». La dignité a ainsi été définie, dans la littérature et selon plusieurs études comme une entité multidimensionnelle associée à l'identité, aux droits humains, à l'autonomie, et au comportement de l'autre. Cette analyse de concept a montré, aussi, qu'il est plus simple de détecter quand la dignité est compromise, que lorsqu'elle est ménagée. Un patient âgé traité comme un objet, avec condescendance et exclu de la prise de décision, subissant des interactions négatives avec les personnels de santé, ne ressentant aucun intérêt pour sa vie privée et/ou pour ses besoins, n'est pas respecté dans sa dignité. Quelques études ont néanmoins défini le concept de manière positive, aboutissant toutes à la même conclusion, la dignité est respectée lorsque le sujet est capable de garder un contrôle sur le comportement des soignants, l'environnement des soins et la façon dont sont effectués ces soins.
Du côté des soignants: il est clair pour tous les soignants que les soins de patients ayant des troubles urinaires et intestinaux est une question et une pratique sensibles et que préserver la vie privée et la dignité durant ces soins est une condition essentielle de leur bon déroulement et de leurs résultats. Quelques indicateurs de respect de la dignité ont ainsi déjà été précisés :
· le nombre de protections ou de changes mis à disposition,
· le nombre de changes
· l'utilisation ou non d'une sonde urinaire,
· la formation des personnels affectés à ces soins,
· l'agencement d'installations accessibles mais conservant un caractère privé.
Du côté des patients : Il est clair aussi, et le rapport cite une méta-analyse en ce sens, que pour les patients, le maintien/la perte de la dignité est une préoccupation importante, en particulier lorsqu'il s'agit de troubles de la vessie ou de l'intestin, associés dans de nombreux cas à une perte d'autonomie. Les études montrent aussi que le maintien de la dignité se trouve érodé par un certain nombre de facteurs bien spécifiques, comme :
· l'attitude et le comportement des soignants,
· leur manque de compétences,
· l'insuffisance d'équipements adaptés et spécifiques à chaque sexe,
· l'utilisation de protections inadaptées ou mal ajustées.
Aujourd'hui, certains fabricants proposent des logiciels de suivi et d'optimisation des soins de continence en EHPAD, comme TENA, et proposent des services de conseil et d'information pour les professionnels et les aidants familiaux.
De la dignité dans les soins : Alors qu'une majorité (plus de 60%) des établissements ne disposent pas de protocoles établis pour les soins de la continence dans le respect du patient, quelques rares études ont néanmoins relevé les repères saillants qui prêtent à réflexion et à recommandations, comme :
- la perte de contrôle du corps entraîne chez le résident le sentiment de se sentir « impur », « méconnaissable » ou « honteux « . Ce sentiment peut être renforcé par certains comportements, regards ou réflexions des personnels soignants.
- L'absence de formation et d'information des personnels sur la meilleure façon de répondre aux besoins d'un patient âgé signifie systématiquement que ceux-ci ne sont pas respectés.
- L'implication du patient dans ses soins comme dans les choix thérapeutiques, permet en général de préserver sa dignité. En revanche, un patient non consulté, traité tel un objet, a grand risque de perdre sa dignité.
- La confidentialité est une condition nécessaire de la dignité, dans les soins de continence.
- Enfin, le respect des personnels comme des proches parents pour la personne humaine contribuent également clairement à maintenir le sentiment de dignité.
En conclusion, si le concept de dignité dans les soins est complexe, il prend toute son importance dans les soins de continence, car l'incontinence, par sa nature même, est une menace à la dignité. Ce rapport identifie des thèmes importants :
Ø la dignité passe par l'estime de soi et celle des autres, donc des personnels soignants.
Ø La dignité passe par le contrôle du patient, il s'agit donc de le laisser au mieux développer ses propres stratégies d'adaptation, comme la planification de sa consommation de liquides par exemple, son autonomie de déplacement ou de change, voire des stratégies d'adaptation pour la gestion de son incontinence, comme « l'endurance » et l'acceptation.
Ø Enfin, la routine de soins ne doit pas « écraser » cette individualisation ou personnalisation des soins.
Ainsi, plus que dans tout autre domaine, les soins de continence doivent rester centrés sur la personne et non sur l'organisation.
Pour en savoir plus sur l'Incontinence
Biblio: Royal College of Physicians Privacy and Dignity in Continence Care Report
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