CANCER COLORECTAL : Sur l'efficacité des nouveaux tests sanguins de dépistage
Ils sont bien plus attrayants qu'une coloscopie ou même qu'un test de selles, cependant ces tests sanguins pratiqués avec une seule prise de sang sont-ils réellement efficaces à détecter un risque de cancer colorectal ?
« Ne faites pas l'impasse sur la coloscopie ou a minima sur les tests réguliers de dépistage dans les selles »,
répond cette équipe de biologistes, de gastroentérologues et de cancérologues de la Stanford Medicine. Leur modélisation, publiée dans les Annals of Internal Medicine démontrent que si tout le monde passait aux tests sanguins de dépistage, l’incidence du cancer colorectal augmenterait en effet de manière significative.
Avec les taux de dépistage actuels, environ 4 % des adultes des pays riches recevront un diagnostic de cancer colorectal au cours de leur vie. Un dépistage régulier permet d’identifier les cancers précoces et les polypes précancéreux et de réduire le risque de décès de cancer colorectal. Tous les adultes âgés de 45/50 à 75 ans (selon les pays) doivent donc observer un dépistage régulier du cancer colorectal.
Pendant des décennies, ce dépistage repose soit sur une coloscopie une fois tous les 10 ans, soit sur un test de selles tous les 1 à 3 ans.
Cependant, ces experts notent qu’au cours d’une coloscopie, les cliniciens peuvent non seulement détecter les cancers colorectaux, mais également retirer les polypes précancéreux qui peuvent se transformer en cancers : « Cela fait de la coloscopie une méthode unique de dépistage du cancer, car elle offre également la possibilité de prévenir le cancer ».
En dépit de ces différents outils de dépistage, de nombreuses personnes ne se font pas dépister du tout, ou pas aussi souvent qu’elles le devraient : aux États-Unis, environ 1 adulte américain sur 3 dans la tranche d’âge recommandée n’a jamais subi de dépistage du cancer colorectal.
Une nouvelle génération de tests de dépistage : en 2014, l’Agence américaine, Food and Drug Administration (FDA) a approuvé le premier test de dépistage colorectal multicible basé sur les selles, dans lequel les selles collectées à domicile par un patient tous les 1 à 3 ans sont analysées pour détecter la présence de petites quantités de sang ou d’ADN cancéreux. A l’été 2024, la FDA a approuvé un nouveau test qui recherche des fragments d’ADN cancéreux circulant dans le sang.
C’est le principe de la « biopsie liquide ».
Cependant, ces tests sanguins ont une limite, ils ne permettent pas de diagnostiquer correctement les polypes précancéreux.
L’étude a comparé l'efficacité des différents modes de dépistage, à partir des données publiées précédemment sur 6 tests de dépistage sanguins et de selles disponibles ou en cours de développement, ainsi que sur la coloscopie de référence. Sur la base de ces données, les chercheurs ont modélisé le taux relatif de cancer colorectal et de décès parmi 100.000 personnes à risque moyen ayant utilisé chaque approche de dépistage.
L’analyse conclut que
les nouveaux tests sanguins de dépistage sont adaptés voire idéaux pour les personnes qui évitent les autres modes de dépistage.
Cependant, si trop de personnes qui, « normalement » auraient subi des coloscopies ou des tests de selles passaient aux tests sanguins, les taux de mortalité par cancer colorectal augmenteraient. Précisément,
- sur 100.000 personnes qui subissent une coloscopie tous les 10 ans, 1.543 développent un cancer colorectal ce qui entraîne 672 décès ;
- sur 100.000 personnes pratiquant les tests fécaux tous les 1 à 3 ans (selon le test), l'incidence du cancer colorectal varie de 2.181 à 2.498 cas, la mortalité de 904 à 1.025 décès ;
- pour 100.000 utilisant les nouveaux tests sanguins, tous les 3 ans, l’incidence du cancer est comprise entre 4.310 à 4.365 cas, la mortalité entre 1.604 à 1.679 décès, soit environ 2,5 fois plus de décès que dans le groupe « coloscopie » ;
- pour 100.000 personnes ne pratiquant aucun dépistage, 7.470 développent un cancer et 3.624 en résultent ;
- concernant les coûts associés à chaque test, les coloscopies et les tests basés sur les selles se révèlent en fait plus rentables que les tests sanguins ;
- les coloscopies et les tests de selles restent en effet plus efficaces à détecter les cancers précoces et les polypes précancéreux que les tests sanguins émergents et leur impact en matière de prévention à long terme reste considérablement plus important que celui des tests sanguins :
« La première génération de tests sanguins est une avancée passionnante dans le paradigme du dépistage du cancer colorectal », note l’auteur principal, le Dr Uri Ladabaum, professeur de gastroentérologie, « mais pour l’instant, si vous êtes prêt et en mesure de subir une coloscopie ou d’effectuer un test basé sur les selles, ne passez pas au test sanguin ».
La modélisation montre qu’en population générale, les tests sanguins ne seront efficaces pour réduire les décès par cancer colorectal que si les personnes qui effectuent régulièrement le test tous les 3 ans acceptent ensuite de subir une coloscopie de suivi si le test sanguin donne un résultat positif.
« Nous vivons une période de grand intérêt pour le dépistage du cancer colorectal et le paradigme du dépistage pourrait changer cependant, à ce jour, il est impossible de mener un essai contrôlé randomisé comparant directement ces tests de dépistage émergents sur le long terme ».
En conclusion, les tests sanguins ne devraient être utilisés que par les personnes qui ne se feraient pas dépister autrement.
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