Epidémiologie des plaies chroniques La prévalence des plaies chroniques atteint 2 millions de personnes en France avec un taux global de 8,3%. Les escarres : au nombre de ces plaies, on compte plus de 300.000 escarres. Le pic d’incidence de ces plaies se situe entre 76 et 84 ans. Ainsi 50 % des escarres surviennent après l’âge de 80 ans. Chez les patients suivis à domicile, âgés de 65 ans et plus, on estime cette prévalence comprise, en France, entre 70.000 et 112.000 patients(1). A l’hôpital, plusieurs études épidémiologiques françaises indiquent une prévalence des escarres, tous services confondus, comprise entre 5 et 9 %, en particulier dans les services de suite et de réadaptation et jusqu’à 18,7 % dans les services de soins intensifs. Les ulcères de jambe sont très probablement le deuxième type de plaie chronique, avec une prévalence de 1,6% en population générale, soit près d’1 million de personnes. Une analyse menée par l’Assurance Maladie à partir des données de remboursement a permis d’estimer que 115.000 patients souffrant d’ulcères veineux ou mixtes sont pris en charge à domicile chaque année en France. Ce type de plaie est le plus fréquemment pris en charge par les infirmiers libéraux. Les ulcères de jambes représentent ainsi environ 26% de l’ensemble des plaies prises en charge par les infirmiers de ville(2). Près d’1 million de personnes souffrent d’ulcère de jambe en France (Visuel Adobe Stock) Les plaies diabétiques pèsent pour une part non négligeable des plaies chroniques. Sur les plus de 3,3 millions de personnes diabétiques en France, on estime entre 75.900 et 330.000 le nombre de patients souffrant d'un mal perforant plantaire. En 2013, 20.493 patients diabétiques ont été hospitalisés pour une plaie du pied (soit 5 fois plus qu’en population non diabétique) et 7.749 patients ont dû subir une amputation d’un membre inférieur (soit 7 fois plus qu’en population non diabétique). Le taux de ré-hospitalisation dans l’année pour une plaie du pied est en moyenne de 30%. Vieillissement et maladies chroniques, des facteurs majeurs d’incidence Ces chiffres en constante augmentation, sont favorisés par le vieillissement de la population qui constitue un facteur de risque d’apparition et de chronicité. L'évolution vers une plaie chronique (ulcères, escarres…) est liée à la plaie elle-même (origine, étendue, site) mais aussi à l'état de santé du patient. Enfin, l’incidence de ces plaies est directement et également corrélée à la hausse de l’épidémie d’obésité, et de ses comorbidités, le diabète et les maladies cardiaques. Les plaies chroniques ne se « referment pas » car les mécanismes naturels de la cicatrisation sont défaillants. La raison en est souvent le « terrain » défaillant des patients porteurs de plaies : un problème de santé ou de multiples comorbidités qui retardent ou empêchent la cicatrisation. Par exemple, les vaisseaux sont obstrués (artérite, varices, séquelles de phlébite, lymphœdème, irradiation, etc.), l'innervation sensitive est perturbée (polynévrites, paraplégie, tétraplégie, section nerveuse, etc.), ou l'oxygène n'est pas transporté correctement depuis les poumons jusqu'aux tissus (drépanocytose et autres anémies). Ces causes excluent fréquemment l’intervention chirurgicale. Les pansements modernes, la réponse à un besoin considérable et croissant On comprend l’importance du confort des pansements modernes pour le patient, qui tarde ou échoue à cicatriser. De ce fait, il est essentiel qu'une plaie soit prise en charge dès qu'elle apparaît, par des soignants très bien formés. Mais pas seulement. La complexité des plaies chroniques, tout autant que les spécificités des dispositifs ont fait de la cicatrisation un défi interdisciplinaire qui sollicite également l’expertise des dermatologues, des gériatres, des oncologues, etc. L’interdisciplinarité dans le soin des plaies est donc une priorité, notamment en chirurgie et cicatrisation pathologique, pour créer une dynamique spécifique et contribuer à l’avancée des dispositifs de santé. La prise en charge implique le choix du pansement le plus adapté à chaque plaie mais aussi le moins douloureux au retrait et le plus confortable pour chaque patient, enfin le moins coûteux. Le traitement des plaies fait ainsi sans cesse l'objet de nombreuses recherches et innovations. En un siècle, les pansements sont devenus modernes puis actifs, ils seront bientôt intelligents et connectés, c’est-à-dire diagnostiques, prédictifs et curatifs. www.santelog.com/id7301 WWW à lire sur le web 2- Soin à Domicile n°100- Novembre 2024 santé log Dossier
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