ADDICTION : La stigmatisation, premier obstacle du rétablissement ?
La stigmatisation liée aux addictions ou à la toxicomanie reste l’un des freins majeurs au traitement, soulignent ces chercheurs addictologues et psychiatres de l'Université d'Indiana à Bloomington. Ce bilan des effets de la stigmatisation sur la gestion des addictions, présenté dans Psychological Science in the Public Interest, une revue de l'Association for Psychological Science, montre que la dépendance reste l’une des conditions les plus mal comprises et les plus sanctionnées dans la société, et pourtant, c’est bien un problème de santé.
En d’autres termes, la stigmatisation sociale décourage de nombreuses personnes concernées d’aller rechercher une aide ou un traitement pour leur dépendance à une substance, conclut ce rapport qui suggère de commencer par lutter contre cette réponse sociale pour lutter contre les troubles liés à l’usage de substances.
« Caractériser la nature et l'étiologie de la stigmatisation des additions est essentiel pour développer des interventions adaptées et efficaces »,
relèvent les auteurs principaux, Anne C. Krendl, psychologue et Brea L. Perry, sociologue à l'Université d'Indiana.
La dépendance aux substances est devenue une menace de santé publique. Les taux d’overdose par substances ont augmenté en continu ces 20 dernières années, principalement en raison de la consommation accrue d’opioïdes et de stimulants. Une récente enquête nationale américaine, citée par les auteurs, fait état d’un excès d'alcool par près de 66 millions d'Américains, au cours du mois précédent.
La stigmatisation aggrave la menace, en s’exerçant sur 3 axes :
- L’axe social, avec la stigmatisation publique envers ceux qui luttent contre ces troubles
- L’axe mental, avec l’auto-stigmatisation
- L’axe structurel ou politique, avec la discrimination et les sanctions touchant les personnes atteintes de ces troubles et l’insuffisance de structures de soins dédiées à ce groupe de patients.
Pourtant, la recherche sur la stigmatisation est presque inexistante : jusque-là, elle s’est principalement concentrée sur les problèmes de santé mentale en général, alors qu’elle est beaucoup plus marquée envers les troubles de l’usage de substances. Il existe un manque de recherche documentant ces troubles comme de véritables maladies, parfois insurmontables et nécessitant une prise en charge spécialisée.
Cette stigmatisation freine l’accès aux soins : de nombreuses études montrent en revanche l’inquiétude générale sur les interactions avec les usagers de substances, les réticences à la mise en œuvre de salles de consommation à moindre risque en étant le parfait exemple.
Cette stigmatisation freine l’accès à la stabilité sociale : Les usagers de substances sont régulièrement confrontés à la discrimination en matière de logement, aux difficultés de recherche d'emplois et à l’insécurité de revenus.
A supposer que ces personnes souffrant de troubles de la consommation de substances soient effectivement prises en charge, ces différents types de stigmatisation jouent alors le rôle de frein à l’observance de leur suivi et des traitements.
Quelles stratégies pour réduire la stigmatisation ? Les interventions d’éducation générale conçues pour lutter contre les croyances inexactes associées à l’usage de substances n’ont eu que des succès limités. Les chercheurs appellent ici à des stratégies axées sur le succès et le rétablissement et sur la réduction nécessaire des obstacles structurels au traitement, avec les efforts de tous les citoyens et des politiques aussi.
Il y a de l’espoir,
soulignent ces chercheurs : « le VIH/SIDA a fait l'objet d'une stigmatisation massive avant que les thérapies antirétrovirales ne le transforment d'une maladie terminale à une maladie permettant une survie presque normale ».
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