TABAGISME PASSIF : Comment la fumée tertiaire entraîne des dommages cellulaires
Oui, la fumée tertiaire affecte la santé des cellules, chez l'Homme, conclut cette étude menée par une équipe de l’Université de Californie – Riverside, la première à établir une association entre la fumée tertiaire et l'expression des gènes. Ici, les scientifiques constatent, avec une telle exposition, des dommages sur les cellules épithéliales du système respiratoire. Des données documentées dans la revue Environmental Health.
L‘auteur principal, le Dr Prue Talbot, professeur de biologie moléculaire et cellulaire rappelle que la fumée tertiaire, ou THS (Thirdhand smoke), se dégage lorsque la fumée expirée et la fumée émanant de la cigarette se déposent sur des surfaces telles que les vêtements, les cheveux ou les meubles …Ce n’est donc pas une fumée au sens strict mais un ensemble de résidus laissés par le tabagisme. Cependant ces résidus peuvent resurgir dans l'atmosphère et peuvent être inhalés par des non-fumeurs. Sous cette exposition indirecte, les cellules apparaissent stressées et leur survie est menacée.
La fumée tertiaire laisse ses marques épigénétiques
Les chercheurs analysent ici des prélèvements nasaux de 4 participants non-fumeurs en bonne santé exposés à la fumée tertiaire durant 3 heures en laboratoire. Les chercheurs ont ensuite séquencé l’ARN et notamment les modifications de l'expression des gènes (modifications épigénétiques). Le séquençage de l'ARN a permis d'identifier des gènes sur ou sous-exprimés : c’est ici le cas de 382 gènes, significativement surexprimés et de 7, sous-exprimés. Les chercheurs ont ensuite identifié les voies affectées par ces gènes.
Vivre avec un fumeur peut avoir des conséquences sur la santé : l'inhalation de fumée tertiaire pendant seulement 3 heures altère de manière significative l'expression des gènes dans l'épithélium nasal de non-fumeurs en bonne santé. Les voies altérées sont associées au stress oxydatif, qui peut endommager l'ADN, avec le risque de développement de cancer à long terme. Ainsi, vivre toute une vie avec un fumeur peut être associé à de sévères conséquences sur la santé.
Ces données seraient pertinentes pour les cellules plus profondes du système respiratoire. Dans les échantillons étudiés, les chercheurs constatent qu'une brève exposition à la fumée tertiaire a une incidence non négligeable sur l'activité mitochondriale- les mitochondries étant les mini-centrales électriques des cellules- ce qui peut entrainer la mort cellulaire. Enfin, l'épithélium nasal n’est pas la seule voie d’exposition, une autre voie d’exposition courante est la peau, ce que les chercheurs n’ont pas encore étudié...
De nombreuses personnes ignorent les risques associés à la fumée tertiaire et de nombreux fumeurs vont fumer à l’extérieur en pensant épargner ainsi leur famille. C’est sans compter le transport de produits chimiques comme la nicotine via les vêtements, notamment, à l’intérieur de la maison…
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