ALCOOLODÉPENDANCE : Une biochimie différente chez les femmes et chez les hommes
Cette étude, menée par une équipe de psychiatres de la Mayo Clinic (Rochester, Minnesota), présentée lors du 37è Congrès de l’European College of Neuropsychopharmacology (ECNP) révèle des biochimies de l’alcool différentes, chez les femmes et chez les hommes, et suggère à nouveau la nécessité de traitements mieux personnalisés. En cause, différents facteurs hormonaux et biochimiques qui affectent la dépendance à l'alcool.
De précédentes recherches ont déjà suggéré des niveaux de risque différents de l'abus d'alcool et de problèmes associés mais aussi de réponse au traitement, chez les femmes vs les hommes. Cependant, les mécanismes biologiques sous-jacents à ces différences restent mal compris.
La recherche, qualifiée par son auteur principal, le Dr Victor Karpyak, professeur de psychiatrie à la Mayo Clinic est « la première de grande envergure à confirmer qu'une partie de la variabilité du trouble de la consommation d'alcool et des problèmes associés est associée à des combinaisons particulières d'hormones et de biomarqueurs chimiques chez les hommes et les femmes. Des traitements spécifiques au sexe pourraient ainsi permettre d’améliorer les réponses des hommes et des femmes souffrant d’alcoolodépendance ».
L’étude fait partie d’un programme de recherche plus vaste sur l'acamprosate, un médicament contre l’alcoolodépendance et examine les marqueurs hormonaux et protéiques de 400 participants dont 268 hommes et 132 femmes, souffrant de troubles de la consommation d'alcool. Une fois mesurés, les marqueurs biologiques ont été rapprochés des marqueurs psychologiques, tels que l'humeur dépressive, l'anxiété, « le craving » dont l’envie de fumer, de consommer de l'alcool ainsi que des résultats du traitement au cours des 3 premiers mois. A l’inclusion, plusieurs marqueurs sanguins spécifiques au sexe, notamment les hormones sexuelles (testostérone, œstrogènes, progestérone) ainsi que des protéines connues pour avoir un impact sur la reproduction et la biodisponibilité de ces hormones dans le sang ont été évalués. L’analyse révèle que :
- au début de l’étude, les participants hommes souffrant de troubles de consommation d’alcool, de symptômes de dépression et d’une envie accrue d’alcool présentent également des taux plus faibles d’hormones testostérone, d’œstrone, d’œstradiol, ainsi que de protéine globuline liant les hormones sexuelles ;
- aucune association du même type n’est observée chez les participantes ;
- cependant, les femmes présentant des taux plus élevés de testostérone, de globuline liant les hormones sexuelles et d’albumine se révèlent plus susceptibles de rechuter au cours des 3 premiers mois de traitement vs leurs homologues ayant des taux plus faibles de ces marqueurs biochimiques. Aucune relation de ce type n’a été constatée chez les hommes.
Or ces différentes hormones et protéines sont déjà connues pour avoir une influence sur le comportement et les associations observées dans le trouble de la consommation d’alcool, ces données suggèrent donc de traiter différemment les femmes et les hommes.
Si plus de recherches restent nécessaires pour décrypter les mécanismes sous-jacents à ces différences, l’étude appelle à mieux prendre en compte, dans les traitements, les différences liées aux hormones sexuelles et même « le changement hormonal spectaculaire que subissent les femmes pendant le cycle menstruel et à la ménopause »
qui pourrait également affecter la biochimie de « l’alcoolisme ».
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